Le Sourire du Scribe, 89

Publié le par Louis Racine

Le Sourire du Scribe, 89

– Vous êtes de la famille de Jacques Piéchaud ? Il vient de quitter l’hôpital en voiture. Vous ne voyez pas où il pourrait être allé ?

Je le projetai dans le couloir.

– Vite ! Il faut le rattraper, il est dangereux.

– Vous auriez pu le dire plus tôt ! La police est prévenue, mais...

– Vous avez une voiture ?

– Oui.

– Prenons-la.

– Je ne suis pas taxi.

– Les questions de vie ou de mort, ça ne vous concerne pas ? Dépêchons-nous, je vous expliquerai en route.

L’interne ne résista pas davantage.

– Je me demande comment il a fait pour franchir la potence, dit-il en démarrant.

Nous apprîmes par la suite que Jacques avait volé une blouse d’aide-soignant. Personne ne l’avait vu sortir du bâtiment. Le portier lui avait ouvert, puis s’était rendu compte de son erreur et avait donné l’alerte, tandis qu’une infirmière constatait sa disparition. Mais il était trop tard.

Je me traitais intérieurement de tous les noms. Il devait y avoir un double des clés du break dans le blouson que nous lui avions apporté.

– Ah ! si nous avions pris la BX !

– Pardon ?

– Tournez à droite ; direction Fontvielle. Et foncez. Je suis un ami intime du commissaire Bouyou. Il nous couvrira.

La circulation était fluide, et Jacques pouvait avoir une grande avance sur nous.

– Plus vite, bon sang ! Dire que je ne peux pas conduire !

À cinquante mètres devant nous, un feu passa à l’orange.

– Brûlez-le !

– Vous croyez ?

Il ralentit légèrement. J’enfonçai son pied sur l’accélérateur et klaxonnai à coups répétés.

– Vous êtes cinglé ! Enlevez votre pied !

Un bruit de sirène s’éleva, et, au carrefour, une voiture de police déboucha de la gauche et roula quelques secondes à notre hauteur. Je fis un signe au passager. C’était Bouyou. La voiture accéléra, nous dépassa.

– Décrochons, dis-je. À eux de jouer, maintenant.

L’interne poussa un profond soupir.

– Toute la journée je reçois des victimes d’accidents de la route. J’ai bien cru que j’avais changé de camp.

Ursule attendait dans le hall.

– Alors ?

– Michel lui file le train. Il nous a rejoints juste avant la rocade, et a continué vers Les Arsins.

– Vous pensez que Jacques est retourné là-bas ?

– Ce n’est qu’une supposition.

Nous remontâmes dans la chambre. Estelle et sa mère me bombardèrent de questions. Je commençai à leur répondre, prudemment. Au bout de quelques minutes, le téléphone sonna.

– Allô ? Je vous le passe.

Estelle me tendit le combiné :

– C’est pour toi.

– Racine ? dit la voix de Bouyou. J’appelle des Arsins. Tout faux, mon gars. Personne n’a vu la 204, et pourtant les gendarmes sont en faction depuis midi. Opération alcootest.

– Heureusement que tu n’étais pas au volant.

– Arrête tes conneries, et aide-moi à trouver Piéchaud. Il n’a peut-être pas quitté Clermont, qu’est-ce que tu en penses ?

L’idée s’imposa, lumineuse.

 

(À suivre.)

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