Joue-moi encore, 9

Publié le par Louis Racine

Joue-moi encore, 9

 

Enfin dehors !

Enfin, dehors : je l’étais resté le temps d’emplir mes poumons du bon air de Paris. Maintenant, coincé sur le siège passager de la Capri reculé au maximum, la jambe gauche à peu près tendue, la droite repliée sous mon cartable, j’essayais de m’évader par la pensée, aidé en cela par la musique planante d’Axel, un truc incroyable, surtout le son de l’instrument soliste, un instrument à vent sûrement, mais lequel ? J’ai fini par poser la question, et j’ai eu la réponse, clarinette basse, et le nom du musicien, que je n’ai pas compris parce que comme tous les Allemands Axel prononçait trop bien l’anglais pour être compris d’un Français comme moi ; autant je touchais ma bille en chleuh, et spécialement à l’oral, autant pour l’anglais je restais, à l’oral, dans la moyenne nationale, qui est remarquablement basse elle aussi, mais ça n’a pas l’air de nous gêner, on dirait même que nous en sommes fiers, les rosbifs n’ont que ce qu’ils méritent, avec leur mépris à l’égard de tout ce qui n’est pas anglais.

Les propos de l’infirmière m’avaient inquiété, pourtant ma sortie s’est faite sans problème, après tout la sécu et moi on économisait l’ambulance, Axel a signé une décharge et nous voilà partis. Ça m’a fait drôle, j’avais l’impression que mon grand frère était venu me chercher, moi qui n’avais jamais eu de grand frère une énorme bouffée de nostalgie m’a envahi tout d’un coup et m’a soulevé de terre, j’étais comme allégé par ce qui m’accablait, pensez à ce que vous éprouvez en avion au décollage, c’était un peu ça, et les accélérations qui me plaquaient au dossier de la 2300 GT redoublaient l’effet. La secrétaire de son côté avait redoublé la cause. C’est votre frère ? elle m’avait fait en parlant d’Axel. Un grand frère, putain ! Je ne savais pas si ça m’aurait plu, mais à ce moment-là ça me plaisait.

Il avait mis le cap sur Clichy, et on longeait maintenant le métro aérien. Ça roulait plus ou moins bien, mais dès qu’il le pouvait Axel fonçait, histoire de jouer à l’ambulancier ou de montrer ce que sa bagnole avait dans le ventre. Or moi, à l’époque, les bagnoles, ça me passionnait. C’est très con, je l’admets, mais c’est ainsi.

On ne parlait pas beaucoup, la musique nous en dispensait, et puis soudain, comme on était arrêtés à un feu, Axel m’a demandé si je voyais un inconvénient à ce qu’on mange un morceau en route.

« Je vous ai fait manquer le déjeuner, et moi-même j’ai les crocs. Je connais un petit restau pas loin, ça vous dit ? Je vous invite, bien sûr. »

J’ignore ce que vous auriez répondu à ma place, mais je vous rappelle que j’étais un ado bien représentatif du morphalisme de cette âge, dont la gastronomie hospitalière ne m’avait pas guéri ; preneur en outre de toute démonstration de générosité, secoué que j’avais été ces derniers temps et tout récemment encore par certaine scène, bref. Prolonger notre compagnonnage m’est apparu comme une perspective des plus souriantes. C’est d’autant plus étonnant que je n’étais pas totalement dénué de méfiance à l’égard de mon tentateur, et par ailleurs plutôt diminué physiquement, donc vulnérable. Est-ce mon côté joueur ? Mon irréductible optimisme ? La curiosité ? L’instinct ? La bêtise ? J’ai accepté. Laissant les scrupules à Axel, qui soudain a hésité :

« Mais peut-être on vous attend ? »

Il n’allait pas se rétracter ! Je l’ai rassuré.

J’avoue quand même que je n’étais pas pressé de faire les honneurs de notre trois pièces cuisine sans ascenseur à un type de ce standing. Ça aussi, c’est louche. D’habitude je ne me laisse pas impressionner par le bourgeois, je ne m’interdis pas facilement une provoc, j’éprouve un certain plaisir à mettre les gens mal à l’aise ; il faut croire qu’en l’occurrence c’est moi qui craignais de l’être. Bon, j’ai juste admis qu’un coup de fil à la matouze n’était pas superflu.

« Parfait. Vous l’appellerez du restaurant. »

Il s’est garé dans une rue adjacente, qui redescendait vers la gare du Nord.

« C’est à deux pas d’ici. Appuyez-vous sur moi. »

Je me sentais en sécurité. Le type était costaud bien que mince, un bel athlète, il sentait bon, pas l’eau de toilette de Prisunic, un truc fin, discret, qui vous accompagnait longtemps après mais qu’on était content d’emporter avec soi.

C’est quand j’ai vu le nom de la rue que j’ai eu comme un flash.

Rue de Dunkerque.

C’est là qu’avait eu lieu un des meurtres.

Le seul qui ne se soit pas produit pendant un week-end. C’était le 11 novembre, un lundi.

La victime était un Allemand.

 

 

Les coïncidences, j’en avais mon content, et surtout j’y croyais de moins en moins. Je me disais ça, et Axel s’est rendu compte de quelque chose.

« Ça ne va pas ?

– Si si, c’est juste que vous marchez un peu vite. Ça ira encore mieux quand j’aurai mes cannes. »

Le restaurant était comme je les ai toujours aimés, douillet, vieillot, on s’y blottissait comme le pied dans une pantoufle. En plus on était pratiquement les seuls clients, et on s’est mis dans un coin où je pourrais étendre ma jambe et où on serait tranquilles pour causer. J’ai demandé à téléphoner, j’ai expliqué à la matouze que l’ambulancier avait eu un accident et que du coup je rentrerais plus tard, dans l’après-midi. Pour l’instant je déjeunais.

« Tu déjeunes ? Vous déjeunez en musique, à l’hosto ? »

J’avais oublié le fond sonore.

« C’est la télé, maman. Bon, je te laisse, ça va refroidir.

– Oui, mange pendant que c’est chaud. Et moi qui te préparais un saltimbocca. »

C’était mon plat préféré.

« Génial, j’ai dit. garde-le-moi pour ce soir.

– Ce soir, c’est des gnocchi.

– Encore mieux !

– Comment ça, encore mieux ? Le saltimbocca, c’est ton plat préféré. »

Je m’étais trahi, mais je ne pouvais me résoudre à lui parler de mes dents. J’ai changé de sujet.

« Il va me falloir des cannes. Ça se loue en pharmacie. J’ai une ordonnance. On ira chez Zerbib. »

J’allais raccrocher, quand elle m’a arrêté.

 « Attends ! J’ai un message pour toi.

– Un message ? De qui ?

– De René.

– Quel René ? »

J’avais du mal à m’y faire.

« René Laforgue. T’en connais d’autres ?

– Mieux que ça ; je connais un autre René Laforgue. Pas personnellement, remarque. Alors, ce message ?

– Il veut te voir.

– Ça va pas être facile.

– C’est ce que je lui ai dit. Il est désolé pour toi. Il va venir à la maison.

– Quand ?

– Ce soir. Juste une petite demi-heure. Il pourra pas rester dîner.

– Il t’a pas donné de précisions ?

– Je lui en ai pas demandé. »

Vous entendez comme elle était dépitée ?

J’ai rejoint Axel, qui décidément ne manquait pas de perspicacité, ou alors c’est moi qui ne parvenais pas à donner le change, car il a voulu savoir ce qui me tracassait. L’esprit d’inquisition en tout cas il en avait à revendre. J’ai failli le lui faire remarquer, mais je pensais à mon déjeuner. Je me suis arrangé pour qu’il croie à un simple conflit familial, la mère qui supporte mal que le fils tant attendu boude son frichti. Comme ça il me ficherait la paix, je pourrais continuer à garder l’air vaguement soucieux, me concentrant en fait sur la série de meurtres et le plus affreux de ses à-côtés : la mort de Jules.

C’était oublier son altruisme. Il a cherché à me distraire. Quant à moi j’étais censé l’écouter, par gratitude ou par simple politesse, et même m’intéresser à ce qu’il me racontait. Or, de fait, ce type m’intriguait, avec son mélange de raffinement et de vulgarité, son français impeccable et sa bagnole de gigolo, son accent allemand presque trop marqué pour être authentique et sa science des bonnes tables parisiennes discrètes et abordables. Et surtout, qu’il se soit trouvé là m’apparaissait moins fortuit depuis que j’avais l’impression qu’il m’avait mené tout droit rue de Dunkerque.

Très bien, je me suis dit, explorons la parenthèse Axel, elle ne m’éloigne peut-être pas tant que ça de l’enquête.

Par ailleurs, je ne voyais pas d’inconvénient à reprendre des forces, elles allaient m’être utiles pour les combats à venir. Axel avait bien visé. Le restau qu’il avait choisi, Le Sarlat (ne cherchez pas, il n’existe plus, hélas), proposait comme son nom l’indique des spécialités du Sud-Ouest. Outre de délicieuses préparations à base de canard ou de cochon, on y dégustait les meilleures pommes de terre sautées que j’aie jamais mangées, qu’un gras quoique juvénile serveur boudiné dans une veste à la blancheur fatiguée vous apportait dans une casserole de cuivre, des pommes de terre sarladaises, tatsächlich, si merveilleusement goûteuses et fondantes qu’on a réclamé du rab. Eh bien, on l’a eu. Très bonne maison. Et leur tarte aux noix ! Mais nous n’en sommes pas encore au dessert.

Sans que je lui demande rien, Axel avait commencé à me raconter sa vie. Il était producteur de musique, il habitait Augsbourg mais travaillait à Munich, il résidait à Paris depuis quelques jours et y resterait jusqu’à la fin de la semaine, il y venait fréquemment pour ses affaires et aussi pour son plaisir, par nature incapable de dissocier les deux (on ne le referait pas) et notre merveilleuse capitale se prêtant idéalement à cette combinaison. Il mettait moins de sept heures pour faire Munich-Paris en voiture, c’était moins cher que le train ou l’avion, même ou surtout avec le choc pétrolier, et nettement plus amusant. Il avait bien le droit de s’offrir des sensations, et les moyens, célibataire et seul, sans héritiers à ménager, sans enfants, et pour longtemps. À Paris, il descendait toujours dans le même petit hôtel calme et confortable (moi : Gemütlich ? lui : Ganz genau !) près du canal Saint-Martin, il y avait ses habitudes, il y donnait même certains de ses rendez-vous d’affaires, lesquelles le plus souvent l’entraînaient à l’autre bout de Paris, mais il adorait prendre le métro, il adorait aussi le bus, surtout les vieux modèles à plateforme, les 74, les 54. Il adorait tous les aspects de la capitale. Il l’aurait emportée sur une île déserte. Ça, c’est moi qui l’ajoute, vous voyez qu’il avait effectivement réussi à me distraire, cependant je gardais l’œil sur l’objectif (ainsi que sur la jauge, car mon commensal avait une descente de douanier), et je ne me suis pas fait faute de lui parler du crime du 11 novembre.

« Un crime, ici ? Dans ce restaurant ?

– Non, mais dans cette rue. »

Ça n’a pas eu l’air de beaucoup l’émouvoir. Il s’est toutefois montré courtois. Quand je lui ai eu précisé la chose, il m’a gratifié d’une hypothèse :

« Peut-être c’est quelqu’un qui a une façon spéciale de fêter cet anniversaire. »

Il s’est retenu trois secondes, puis il a éclaté d’un rire communicatif. Ce type était incroyablement à l’aise et sûr de lui. Ça en devenait suspect. Ça n’existe pas. Et pourtant si, je me disais. Voyons, tu exagères. Pourquoi tiens-tu si fort à douter de ton hôte ? À te laisser impressionner par un nom de rue ? Qu’as-tu fait de ta rigueur scientifique ? Mais je n’en démordais pas : il pouvait très bien me jouer – en jouant très bien. C’était comme son français, émaillé d’idiomatismes parfaitement en place, avec juste de temps en temps une incorrection caractéristique, et cet accent qui n’était peut-être que le fruit d’une excellente imitation.

Mais vous allez encore me trouver parano.

Depuis qu’il avait déboulé dans ma chambre d’hôpital, il ne s’était pas départi un seul instant de son sourire de séducteur. La bonne chère et le vin avaient exalté son affabilité. Il embellissait à vue d’œil. Eh bien voilà, c’est ça, tu es jaloux. Mais non, enfin pas vraiment, ou pas seulement.

Tu es amoureux alors ?

En fait, je commençais à redouter les suites du repas. Axel buvait vraiment beaucoup. Et il me regardait avec une affection grandissante. Il s’était mis à me questionner sur ma vie, et mes moindres réponses, calculées au plus juste, semblaient le porter au comble du ravissement. Puis on a parlé musique, et là ça s’est gâté. Il me citait des noms de musiciens ou de groupes, élargissant peu à peu la perspective, cherchant un territoire commun, en vain ! Rien ne me disait rien, j’étais définitivement exclu de cette science. C’est vrai qu’à la maison on n’écoutait jamais de disques, à part Annette dans sa chambre sur un genre de jouet en plastique orange. Ma seule source, en dehors des copains quand ils m’invitaient chez eux ou du juke-box des 4S, c’était la radio, un vieil appareil que mon père avait remis en état et qu’il nous avait royalement abandonné (ayant pris soin d’embarquer ses disques de jazz et sa platine, objets qu’il conservait comme un avare, pour le plaisir de les avoir, mais sans jamais en faire usage) ; des heures et des heures j’avais passées à m’y abreuver de tout ce que relayaient les ondes, privilégiant quand même les stations non commerciales. C’est comme ça que je connaissais Moustaki, Dutronc, mais aussi Pierre Perret et Richard Anthony, Joe Dassin et Sylvie Vartan. Aucun de ces artistes ne pouvait intéresser Axel.

En parlant d’abreuver, pour me consoler sans doute ou pour m’aider à retrouver la mémoire il remplissait libéralement mon verre sitôt que j’avais réussi à le vider, si bien qu’il a fallu commander une deuxième bouteille, mais bon, une demie, ça suffirait, plus ça allait plus je voyais venir le coup de la proposition déplacée, d’ailleurs depuis quelques minutes, avec mon accord, mais comment le lui refuser ? il me tutoyait, oh putain ! et vous qui voyez si bien la scène vu que je vous la décris si bien vous ne pouvez pas ignorer mon infirmité ni ma vulnérabilité, auxquelles vient de se joindre l’ébriété ; histoire de me détourner moi-même de ces idées quelque peu affolantes j’essayais de fixer mes pensées sur d’autres sujets, sauf deux que précisément je craignais de voir aborder : j’espérais ne pas être contraint de répondre de ma prononciation plus que crédible de l’allemand ni de revenir sur la mort de mon cothurne. Et ça n’a pas manqué, ça devait arriver, las de mes exhibitions de lacunes musicales et avant que je songe à faire valoir ma culture cinématographique ou mes talents de joueur de go, Axel m’a demandé où j’avais appris l’allemand.

Je suis resté aussi éloigné que possible de la vérité, le problème n’étant pas de trouver quoi dire mais de ne pas céder à l’émotion, sous l’effet du madiran, en évoquant même fugitivement et pour moi seul mes souvenirs, ces ombres que je n’ai jamais pu chasser de mon esprit et qui dès cette époque le hantaient sans rien y produire d’autre qu’une invincible mélancolie. Le mieux m’a semblé être d’inventer toute l’histoire en me gardant d’y introduire le moindre élément personnel. J’ai emprunté les détails à la vie d’un autre. Et, tout en débitant mes mensonges, je me rendais compte que je ne faisais peut-être que rendre la pareille à mon interlocuteur.

Je ne m’en sortais pas trop mal, quand au détour d’une phrase j’ai vu surgir devant moi le fantôme de Barbara, mon amie bavaroise, et ma voix s’est brisée. En guise d’échappatoire, je me suis précipité sur le sujet que je voulais pourtant éviter, j’ai justifié mon trouble par les événements récents.

Axel, plus détendu que jamais, l’œil brillant, le visage luisant, a réparti le reste de la bouteille dans nos verres, alors qu’on avait fini de manger et qu’on avait même pris le café.

« C’était la première fois que tu voyais mourir quelqu’un ? »

J’ai voulu faire le bravache. J’ai parlé d’un accident de voiture auquel j’avais assisté récemment. Et là, j’ai craqué. Jules, putain !

Axel était très emmerdé, il s’est excusé (Je n’aurais pas dû te faire boire tout ce vin), personne heureusement ne prêtait attention à nous. Il a demandé l’addition.

Je me suis dominé, je l’ai remercié, il a relativisé d’un geste (C’est la moindre des choses), et on ne s’est pratiquement plus rien dit jusqu’à la voiture, où j’ai eu moins de mal à me glisser qu’à l’aller. Je ne pleurais plus, j’avais surtout sommeil.

Une fois installé au volant, Axel s’est tourné vers moi. Il avait retrouvé son sourire habituel et paraissait aussi joyeux que si on venait de lui annoncer une bonne nouvelle.

« Bon, il a dit, qu’est-ce qu’on fait ?

– Je ne comprends pas. Vous n’êtes pas censé me ramener chez moi ?

– Tout dépend si tu es pressé. Au fait, tu peux me dire tu maintenant.

– D’accord. Ramène-moi chez moi, s’il te plaît.

– S’il te plaît, dessine-moi un mouton. On ne t’a jamais dit que tu ressemblais au Petit Prince en brun ? »

Brusquement des images ont afflué de tous horizons sur ma planète mentale. J’ai réalisé à peine trop tard que la main d’Axel venait d’effleurer ma joue. Elle reposait maintenant sur mon épaule. J’aurais dû m’intéresser en priorité à ce qui se passait là, mais j’étais comme subjugué par des pensées d’une tout autre nature. La main d’Axel descendait maintenant sur ma poitrine, sur mon ventre, atteignait mon sexe.

« Tu es sûr que tu n’as pas un petit moment ? Je connais un endroit tranquille.

– Merci, j’ai fait en écartant sa main ; grâce à toi je viens de comprendre quelque chose. Putain ! C’est tellement dingue... »

Il est revenu à la charge, avec une insistance plus marquée.

« Écoute, Axel, j’ai pas l’intention de me laisser faire. Mais si tu veux que nous restions en relation, je vais peut-être avoir besoin de toi. »

Cette fois il a retiré de lui-même sa main, s’est tourné un peu plus pour me regarder.

« Qu’est-ce que tu veux dire ?

– C’est pas sûr encore, mais file-moi tes coordonnées. Je te ferai signe. »

Ça a paru lui convenir. Il m’a donné le numéro de téléphone de son hôtel et celui de ce qu’il a appelé son bureau parisien. En échange je lui ai indiqué celui de Clichy. Et on est partis.

 

(À suivre.)

Accès direct aux épisodes :

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25

26

Épilogue

 

Publié dans Joue-moi encore

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article