Ça plus ça plus ça, 17

Publié le par Louis Racine

Ça plus ça plus ça, 17

 

Il n’était peut-être pas trop tard non plus pour ramener la voiture, la rendre avec le plein, très classe, faire honte à Sonia de ses railleries de riche. Cependant, à supposer que l’idée s’en fût présentée, je l’aurais écartée, inclinant à penser que la fille de l’ambassadeur ne méritait pas tant d’égards et, d’autre part, que le banquet serait fini et que je trouverais porte close, si je n’allais pas devoir affronter l’énorme clébard aperçu tout à l’heure.

On notera que je n’avais pas une vision beaucoup plus nette de ma virée en Corrèze. À croire que j’avais surtout envie de foutre le camp. Au volant de Caroline.

Grâce à Douvenou, je savais tout d’elle. J’avais admiré comme il en parlait, comme il la conduisait. Ce type était un passionné, le mot n’est pas trop fort. Il l’a d’ailleurs confirmé plus tard. Mais je vous raconterai cela une autre fois, pour l’instant j’ai un itinéraire à définir. Ensuite, j’avais imaginé de profiter du voyage pour revenir sur pas mal de questions non encore résolues. Nous en avons décidé autrement, le sort et moi.

À la sortie de Paris, je suis tombé sur une file d’auto-stoppeurs. Seul dans ma grande bagnole, il eût été indécent que je ne m’arrête pas. Et puis j’étais heureux de pouvoir jouer les millionnaires ou les considérables. Enfin ça me ferait une compagnie, tant pis pour la méditation.

J’ai choisi mes clients, au mépris de règles que je connaissais bien pourtant, ayant fait du stop à maintes reprises : on est censé prendre, pour une direction donnée, le ou les premiers qui se présentent, les plus en arrière donc, c’est le contraire des taxis, mais le temps que les automobilistes se rendent compte ou écoutent leur générosité ils déçoivent pas mal de candidats et parfois s’arrêtent pour le ou les derniers, quand ils ne renoncent pas purement et simplement, ce système est donc loin d’être parfait, il est cependant préférable à son inverse, qui se pratique quelquefois, et dans lequel les premiers pour rester en tête doivent à chaque nouvelle candidature s’avancer avec leurs bagages, si vous n’avez pas vécu la chose essayez de vous la représenter. Bref, tout le monde fait comme moi, c’est-à-dire choisit, et il faut bien s’en accommoder.

J’ai donc dédaigné plusieurs pancartes pertinentes, du genre Orléans ou Vierzon, à défaut d’Égletons, et j’ai opté pour un couple sympathique d’apparence, dans les vingt-vingt-cinq ans. Ils rentraient à Clermont-Ferrand après avoir passé le week-end à Paris. Je leur ai dit que je devrais les débarquer à Vierzon mais ça leur allait quand même. Ils ont chargé leurs sacs à dos dans l’immense coffre et nous voilà partis.

Caroline était équipée d’un poste de radio très performant et j’ai mis de la musique classique en bruit de fond, Ça ne vous dérange pas ? – Au contraire ! On a causé une bonne partie du trajet, ils étaient tous les deux étudiants en maths, et pour l’anniversaire de la fille, dont je vous laisse deviner le prénom, s’étaient offert l’Opéra, une des dernières de Manon. Je n’avais jamais entendu parler de Massenet, mais Manon Lescaut je connaissais par une chanson de Brassens et je savais que c’était une héroïne de roman, ils ont complété mon instruction, très poliment.

Ce qu’ils m’ont ému ces deux-là, tout émus qu’ils étaient eux-mêmes ! Je les imaginais pleurant de concert dans leurs fauteuils rouges et prêts à recommencer sur la non moins rouge banquette arrière. Cette bagnole était plus faite pour eux que pour moi. Mais en réalité ils auraient été partout dans leur élément, ils s’aimaient, ça sautait aux yeux et au cœur. Ils s’étaient ruinés pour ces places, d’où le stop au retour, à l’aller mieux valait assurer, ils m’avaient plu tout de suite et c’est comme ça que je les avais pris, mais petit à petit c’est moi qui me suis pris d’affection pour eux. Je rêvais de les revoir, par hasard, forcément. Ils étaient beaux, agréables, intelligents, cultivés, je les ai laissés à Vierzon, on avait très bien roulé, ils m’ont complimenté sur ma conduite et sur ma voiture, C’est pas la mienne, j’ai fait, moi je bosse dans une ambassade mais vous comprendrez que je puisse rien vous dire de plus précis, ils n’ont pas sourcillé. Je les ai déposés sur le bord de la route en leur souhaitant bonne chance et je suis reparti. Je ne me rappelle plus son prénom à lui. Elle, donc, c’était Manon.

 

 

J’étais dans un drôle d’état, et avec ça le soir tombait. J’avais encore dans l’oreille tout ce qu’on s’était dit avec les mélomanes, tout ce qu’ils m’avaient dit eux en fait, ça m’a bien aidé à repousser l’angoisse, à la faire patienter, ils étaient magnifiques et j’avais des tas de raisons de me sentir une merde à côté d’eux, ils me rappelaient Rémi, aussi adorable que brillant, issu d’un milieu modeste et originaire d’Aubusson, par où justement passait ma route, quelle coïncidence, n’est-ce pas ? mais moi qui n’avais jamais conduit j’avais réussi à les mener à Vierzon en un temps record sans qu’ils se doutent de rien. Caroline, j’en conviens, était d’une grande docilité, incroyablement maniable et sûre au freinage malgré sa tonne six (source Douvenou), de toute façon j’y allais d’autant plus doucement que je devais économiser le carburant et que ma technique manquait encore de précision notamment quand il s’agissait d’ajuster la vitesse au tracé de la route, du reste assez dégagée, exempte surtout de camions, dimanche oblige, n’empêche que je m’étais bien tiré d’affaire, et que dans certaines lignes droites j’avais atteint voire dépassé le cent quatre-vingts. C’est ainsi que j’ai appris de mes passagers que la vitesse sur autoroute était limitée à cent-trente, et à cent-dix sur les nationales. Ah bon ? Depuis quand ? Novembre ? Je n’étais pas en France à cette époque. Mais vous savez, nous les plaques corps diplomatique on ne nous arrête jamais.

Mes motifs de satisfaction, hélas ! n’ont pas tenu longtemps devant les assauts de la nuit et de ma conscience, les deux plutôt noires. Toute idée négative pouvait m’envoyer au tapis, et voilà qu’à propos de bouffe, puisqu’un semblant d’appétit me revenait, je me suis mis à penser au poulet dominical et plus généralement aux dimanches à Clichy, et d’un coup je me suis effondré, au risque de quitter la route dans un virage assez retors il est vrai. Avec mes conneries, j’avais déserté l’opération ménage, laissant tout le boulot à ma petite sœur. Pire, j’étais le seul à savoir faire fonctionner notre aspirateur pourri et surtout dangereux, si ça se trouve Annette par ma faute s’était électrocutée, ou la matouze.

Qu’est-ce que je foutais là ? Comment avais-je pu me jeter dans une entreprise pareille ? Je n’en étais pourtant pas à ma première fugue, même si je ne vous les ai pas racontées en détail j’y ai fait allusion, pour mémoire, l’année de ma Quatrième j’étais parti à plusieurs reprises rejoindre mon amie, jusqu’à la dernière fois, à l’hôpital, bref, avoir les yeux embués ne rend pas la conduite plus facile, heureusement les projecteurs éclairaient à merveille, par précaution j’avais opté pour la luminosité maximale, ce qui me valait des appels de phares et des coups de klaxon d’automobilistes admiratifs ou jaloux, et la route était sèche, c’est un hiver particulièrement clément qu’on a eu cette année-là, j’en avais connu d’autres dans ces parages où j’aurais eu du mal à tenir sur la neige et le verglas, déjà qu’une simple averse isolée, un peu avant Vierzon, nous avait fait déraper juste comme je doublais un convoi militaire, j’ai fini par m’arrêter à La Châtre, tant pis pour mon programme, le plus important n’était pas d’arriver pour le dîner mais d’arriver tout court. D’ailleurs à la Boissière ils devaient déjà être à table et il me restait environ cent-cinquante bornes à faire, côté carburant ça irait vu que prudemment j’avais refait le plein à Vierzon mais même avec le caoua que j’avais bu à cette occasion j’étais crevé. Par une chance inespérée il y avait là un bistrot ouvert, j’y suis entré à la recherche d’un peu de chaleur humaine. Bon, ils ne servaient plus de café, ils allaient fermer. Qu’est-ce que je vais prendre alors ? C’est pas mon problème. Quelque chose qui réveille, j’ai fait. Un rhum ? il a dit. Allez !

Il s’est radouci, on a parlé itinéraires, il m’a engueulé d’avoir choisi de quitter la nationale vingt. J’aurais mieux fait de passer par Limoges. Peut-être, j’ai concédé, mais on ne se serait pas connus. Il a froncé les sourcils. J’ai bu mon rhum et je suis reparti.

C’est vrai que ça m’a donné un coup de fouet. L’effet en a duré cinq bonnes minutes, puis je me suis arrêté de nouveau, histoire de me remplir d’air frais, pour ça j’étais servi, sous le ciel sans nuages, tout constellé, avec vers le couchant un croissant de lune très décoratif. Je suis remonté à bord et, par étapes, j’ai fini par atteindre la Boissière. Il était dix heures et demie passées.

La grille du portail était fermée à clé. Une innovation due à Marie-Jo, probable. Avec une autre bagnole j’aurais donné un léger coup de klaxon, avec celle-là c’était totalement impossible, sauf à estimer que dans le silence de la nuit cent décibels font de La Cucaracha une manière discrète de signaler sa présence. Quand au début du voyage j’avais par erreur déclenché le phénomène en cherchant je ne sais plus quelle commande, j’avais bien senti un brin de contrariété chez les deux mélomanes pelotonnés sur la banquette arrière.

Je me suis garé le long du mur de la propriété, je suis descendu de voiture et j’ai observé la maison. Au rez-de-chaussée, une seule fenêtre était éclairée, la lumière filtrant à travers les persiennes. Elle s’est éteinte. Restaient, à l’étage, celles de la chambre des parents et de la salle de bains attenante. La première s’est ouverte, quelqu’un s’est penché pour regarder au dehors, c’était Marie-Jo, je n’aurais su dire si elle cherchait quelque chose en particulier ou si ce tour d’horizon était seulement machinal, ce qui est sûr c’est que Caroline lui demeurait invisible, cachée par le mur et par les arbres. J’aurais pu me manifester mais j’ai hésité, Marie-Jo n’était quand même pas ma tasse de thé, j’ai attendu dans l’ombre qu’elle ferme ses volets. La fenêtre de la salle de bains en était dépourvue mais était trop haute pour me trahir, j’avais donc le champ libre. J’ai escaladé la grille – avec ma jambe raide, je vous laisse deviner la partie de plaisir que ça a pu être – et me suis retrouvé dans l’allée. Puis, me guidant à la pâle lueur des étoiles, car la lune était désormais couchée, j’ai cherché à gagner l’arrière de la maison. J’avais beau connaître les lieux, je n’ai pas pu éviter de me vautrer dans une flaque de boue. Ça a fait un certain bruit. J’ai attendu, tendant l’oreille. Pas de réaction. Soudain mes cheveux se sont dressés sur ma tête. Et si cette chipie de Marie-Jo avait réussi à convaincre l’oncle de racheter un chien, lui qui n’en voulait plus depuis la mort de l’exceptionnel Maxwell (oui, je vous raconterai) ? Mais rien ne se passait. J’ai repris ma progression et j’ai tourné l’angle de la maison. Là, un frisson de contentement m’a parcouru. Au deuxième étage, tout en haut de la façade obscure, les volets clos et ajourés de la chambre de Carmen brillaient comme un lampion sous l’avancée du toit. Un signe, ça encore.

Tâtonnant sur le sol, j’ai ramassé quelques petits cailloux. Puis je me suis concentré. Je devais réussir du premier coup. J’ai bien calculé mon geste, et hop !

Gagné !

Les cailloux et le silence retombés, j’ai eu le temps de croire que mon adresse n’avait servi à rien, que ma cousine n’était pas dans sa chambre, avant que les volets s’entrouvrent et qu’elle passe la tête au dehors. En revanche, elle n’a pas été longue à me reconnaître malgré l’obscurité. Ce que prévoyant, j’avais mis mon doigt sur mes lèvres.

« Norbert ? Qu’est-ce que tu fais là ? »

Bonne question. Prononcée un peu trop fort, peut-être. Mieux valait pour l’instant parler par gestes, comme je l’ai dit par gestes à Carmen, qui sur le même mode m’a demandé de l’attendre devant la porte de la buanderie. Quelques secondes plus tard, la musique des verrous résonnait encore dans la nuit que nous nous étreignions sur le seuil et que ma cousine, mi-riant mi-pleurant, me chuchotait à l’oreille : « T’es complètement fou ! »

Ce doux moment passé, on est entrés sans bruit, et on s’est écartés l’un de l’autre pour se contempler. En voyant le pyjama de Carmen taché de boue, j’ai éprouvé quelque remords, et elle n’a pu retenir un cri en découvrant d’un coup les détails problématiques de mon équipage.

« Mais qu’est-ce qui t’est arrivé ? »

Parlait-elle de mes dents cassées, de mes cannes, de mes vêtements fangeux ? Avant que je puisse articuler un mot, elle enchaînait :

« T’es venu comment ?

– Je vais te raconter tout ça. On monte ? »

Il y avait des années que je n’avais pas mis les pieds à la Boissière. À mon dernier séjour ma cousine était encore une fillette. J’étais forcément un peu amoureux d’elle, elle m’aimait bien aussi, sans doute, mais je me tenais à distance de sa chambre. Par respect, non par indifférence. J’avais dû y entrer deux ou trois fois, toujours en sa compagnie, bien sûr, et j’en gardais le souvenir d’un lieu enchanté, plus exotique que la plus lointaine des destinations, qu’un paradis perdu, plus étrange, en ce qu’il existait, en ce que je pouvais m’y trouver, sans qu’il appartînt pour autant au même monde : comme l’inclusion d’une autre réalité dans la nôtre – mais sans décalage temporel, et sans que ce soit non plus un rêve ou le produit d’une illusion, d’un changement de dimension, comme au théâtre, par exemple ; si théâtre il y avait, alors c’est que mon monde à moi aussi était théâtre. Cette étrangeté, je crois, tenait tout simplement à la différence des sexes. Elle était du même ordre que celle que j’éprouvais dans la chambre d’Annette, maintenant qu’elle en avait une à elle toute seule, mais en beaucoup moins familier, justement. Et puis à cette différence se mêlait comme par nécessité un appel à la dépasser, comme si le sexué impliquait le sexuel, ce qui ne pouvait être le cas avec ma sœur.

Avec Carmen ça l’avait été, ô combien ! Je lui ai demandé la permission de lui toucher le ventre. Elle est allée jusqu’à relever sa veste de pyjama.

« T’as les mains froides !

– T’es sûre, au fait ?

– Puisque t’es là ! »

J’ai compris après coup ce que ma question avait d’ambigu. Il m’a semblé que sa réponse ne faisait que le confirmer. Positivement, certes. Mais d’autres ombres persistaient dans mon paysage intérieur. J’éprouvais un grand bonheur mêlé d’une grande angoisse. Curieux attelage. J’ai choisi de vouer toute mon attention à ma cousine. Je la trouvais embellie, mûrie, épanouie, la chevelure encore plus abondante, accueillante, les traits plus fermement dessinés.

« Je me trompe ou t’as grandi ?

– Depuis quinze jours ? Ça m’étonnerait ! Je sais pas si on peut grandir en même temps que l’enfant que l’on porte. »

Comme elle disait ça ! On était assis sur son lit, on se serrait l’un contre l’autre, sans songer au temps qui passe. J’avais quand même drôlement faim.

« Tu me racontes ?

– T’as rien à bouffer ? J’ai pas dîné.

– Mais si, j’ai tout ce qu’i’ faut. »

Un moment, j’ai bêtement cru à une allusion grivoise, mais bien que délurée ma cousine n’en était pas à ce stade, contrairement à Géraldine, dont j’ai dû chasser brutalement le souvenir, ce n’était pas le moment, convenez-en. Carmen s’était levée pour aller farfouiller dans une grosse valise qui trônait là et dont elle a rapporté diverses victuailles.

« Incroyable ! Tu fais épicerie maintenant ?

– C’est pas drôle. Demain je retourne à l’internat, et si je veux tenir il me faut du biscuit, surtout avec le bébé. Sers-toi, prends tout ce que tu veux. Bon, tu me racontes, oui ou merde ? »

Tout en me restaurant, j’ai obéi. Je suis parti de chez Félix, inutile de remonter plus avant. Je guettais ses réactions à l’évocation du godelureau en question, elle est restée impassible. Je n’allais pas d’emblée la cuisiner là-dessus. J’en suis venu au déjeuner avec les pseudo-anars et à cette proposition de Sonia que j’avais prise au pied de la lettre. Elle a commencé à s’agiter.

« T’as un peu abusé, quand même. Et si elle porte plainte ?

– Ce serait dégueulasse.

– Tu lui as piqué sa bagnole ! Comment elle a fait pour rentrer ?

– Elle a pris un taxi, elle a les moyens. Je suis sûr que Félix était ravi de lui tenir compagnie. »

Nouvelle tentative, aussi vaine que la première. Ce n’est pas le nom du copain qui émouvait Carmen.

« Et le restau ? T’es parti sans payer ! »

Ça, j’avoue, ça m’avait échappé.

« Ah ! ben pareil, ils sont assez riches pour m’avancer le repas. Je les rembourserai. Et je rendrai la tire. Avec le plein. On a du savoir-vivre. »

Elle hochait la tête, moyennement convaincue.

« T’es dingue ! »

Soudain elle s’est mise à pleurer. Silencieusement d’abord, puis mêlant sans harmonie ses reniflements à mes mastications.

« Qu’est-ce qui se passe ?

– Je veux pas que le père de mon enfant aille en prison ! »

Ça méritait bien que j’abandonne un instant ma saucisse sèche.

« C’est toi qu’es dingue ! Y a pas de danger !

– Mais on va te rechercher. Et si tu tombes sur un contrôle ! Si t’es pris à conduire sans permis ! T’as tes autres papiers, au moins ?

– Oui, mon cartable est resté chez Félix (toujours pas de réaction), mais j’ai mon portefeuille sur moi.

– Tu repars quand alors ?

– Attends ! Je viens à peine d’arriver !

– Moi je prends le car demain à sept heures pour Brive.

– Pas question, c’est moi qui t’emmène. Bon, je peux passer la nuit ici ?

– Évidemment ! »

J’ai recommencé à manger. Elle me regardait d’un drôle d’air. Elle est allée chercher deux couvertures et en a étendu une sur le sol, en double épaisseur.

« Ça t’ennuie de dormir par terre ? Mon lit est trop petit pour deux et j’ai besoin de sommeil. »

Un peu plus tard, comme on était couchés et qu’on bavardait dans le noir :

« Norbert, si t’as envie, moi aussi, mais je suis pas sûr que le bébé apprécie qu’on le fasse comme ça. Si tu veux, tu peux prendre l’autre chemin.

– T’as déjà essayé ?

– Jamais. C’est l’occasion. »

Un peu plus tard, comme on allait s’endormir :

« C’est nul que tu sois venu pour si peu de temps, puisque tu vas devoir repartir dès demain, mais en même temps ça m’a fait plaisir. Maintenant il faut que tu restes tranquille, pour être là quand j’aurai besoin de toi. Je veux garder l’enfant, je sais que toi aussi, mais j’ai pas envie qu’on nous l’enlève pour l’élever à notre place. Si t’es là, ce sera moins difficile de résister à ma marâtre.

– Bien sûr, mon amour. Bonne nuit. »

 

(À suivre.)

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Épilogue

 

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