Tais-toi quand tu parles, 26

Publié le par Louis Racine

Tais-toi quand tu parles, 26

 

Qu’est-ce qui pouvait encore retarder mes retrouvailles avec ma mère et ma sœur ? J’avais revu Paula, désormais elle était en bonne voie de guérison, j’étais libre jusqu’au lundi après-midi, j’avais certes un chapitre à finir et serais éventuellement requis par le suivant, mais ça ne suffisait pas, alors ?

Parlons plutôt raisons que prétextes. Je n’aurais pas eu peur d’avouer ma peur d’affronter leurs cris et leurs larmes. Il le faudrait bien, et j’en avais vu d’autres. L’obstacle n’était pas là. Car obstacle il y avait, je le sentais, physiquement presque, et toute ma lucidité ne m’empêchait pas mais au contraire me sommait d’en reconnaître l’origine, véritable objet de mon déni.

C’est que je ne cessais plus de rêver de Jules me disant : Creuse ! Bon, ça va, je répondais, Châtelguyon c’est fait, c’est vu, merci d’ailleurs, mais vous aurez bientôt de mes nouvelles et même mieux, alors c’est quoi cette insistance ? Et autres fines répliques de ce genre.

Trêve de tergiversations : je n’en avais pas fini avec une tâche importante et urgente, dont l’achèvement conditionnait mon avenir.

Pire, je sentais que cette mystérieuse opération devait avoir pour cadre les lieux mêmes que je venais de quitter. C’est ce qui me heurtait le plus. À peine rentré de Viersat, je n’allais pas y retourner ! Quelque chose pourtant me disait que ce n’était pas là, que ce n’était pas ça.

Tout le monde dormait dans l’appart’, j’avais du mal à me concentrer avec leurs ronflements, le mélange olfactif du tabac froid et de la feijoada me donnait la gerbe, je me suis levé et je suis parti sans bruit. Je suis entré dans le premier bistrot, un établissement improbable, un bougnat comme on n’en fait plus, si chichement éclairé et la vitrine tellement sale qu’il était insoupçonnable de la rue, un repaire d’habitués, quoi, où l’on buvait le café dans des verres, sans la moindre caution à la mode rétro, et d’où l’on ressortait avec aux semelles de la poussière de charbon provenant du tas posé à même le carrelage.

C’est là que la lumière s’est faite. Il m’a suffi de passer en revue les entreprises que je n’avais pu mener à leur terme, récemment ou non, dans ce massif encore plus central pour moi que pour d’autres.

Peut-être bien que la première qui vous vient à l’esprit concerne ma paternité. Merci de me lâcher avec ça. Je n’écarte pas l’hypothèse que cette histoire ait un rapport avec celle dont je parle, et je sais pertinemment qu’il faudra que je m’attaque au problème. Mais c’est secondaire.

Qu’est-ce qui peut être plus important ?

Vous le saurez bientôt.

Le temps d’avaler mon café (délicieux), de le payer (une misère), et au boulot !

J’avais déjà mon plan, homme à expédients que j’étais, vous en conviendrez. D’abord, racheter une carte Michelin.

Oui, mais laquelle ?

Oh putain !

Ce que je cherchais était exactement à la jonction de quatre cartes, le maximum, on ne va pas lésiner, four corners sinon rien, sans pour autant s’y trouver inscrit, parce que trop petit. Raison de plus pour n’en prendre aucune. La 73, je l’avais déjà. Les 72 et 75 étaient restées en Espagne, avec, beaucoup plus grave, celle au vingt-cinq millième. Celle-là, il me la fallait absolument. Je devais pouvoir la trouver à Paris. Je me suis renseigné, je suis allé à la maison mère.

Je vois qu’il y en a qui suivent, qui peut-être même ont pigé, voire, depuis certain bistrot de Brive, celui des trois petits blancs (je n’irais pas par quatre chenin), s’impatientent de mon épaisseur, si elle n’a pas su les dégoûter de ma compagnie. J’étais porté par un tel enthousiasme que j’ai été tout étonné, au moment de pousser les portes vitrées pour pénétrer dans le saint des saints, de faire demi-tour.

Je me suis assis sur un banc, pas fâché de poser mon sac, il me semblait s’alourdir de jour en jour, et j’ai écouté ce que me disait Paula. Car c’était bien sa voix. Cette voix que pendant des années j’avais refusé d’entendre après avoir si souvent bénéficié de son inspiration.

Voyons, Norbert, quel besoin as-tu de cette carte ? Tu as estimé pouvoir t’en passer. Avec raison : ce n’est qu’une chose, une chose matérielle. Serais-tu plus attaché à tes grigris et à tes jouets qu’à tes amis ? Crois-tu que Jules veuille te renvoyer d’où tu viens, alors que te revoilà enfin ? Et ton imagination ? Ta perspicacité ? Est-il nécessaire que tu te rendes là-bas, au risque de n’en rien rapporter qu’une grande déception, sans compter quelques ennuis supplémentaires, alors qu’il y a ici des gens qui t’aiment encore malgré tout ce que tu leur as infligé et qui sont prêts à répondre à tes questions ? Réfléchis : tu parviens tant bien que mal à Limoges, en stop – tu ne vas pas commettre l’imprudence de te montrer à Égletons. Après quoi tu réédites le coup du Solex. Cent bornes à te taper, à trente de moyenne. Une fois sur place, comment fais-tu pour reconnaître la maison ? Tout au plus pourras-tu la supposer. Et comment réussis-tu à convaincre les nouveaux propriétaires, s’ils sont là, de te laisser visiter leur terrain ? Admettons que tu y pénètres clandestinement. Et après ? Tu te laisseras guider par ton intuition ? Quelle certitude, quelle preuve espères-tu ? Tu auras une pelle sur toi ? Quand Jules te suggère de creuser, penses-tu qu’il parle au sens propre ? Tu te crois dans L’Île au trésor ? Tu n’as pas compris que la solution est à Clichy ? Dans une conversation avec ta mère ? Est-il nécessaire de lui rapporter des ossements ? Ne vaut-il pas bien mieux les laisser où ils sont, moins indignement ensevelis qu’il ne serait inhumain de les mettre au jour ? S’il n’y a plus rien à faire pour les morts, n’est-il pas grand temps de t’occuper des vivants ?

Ah ! j’aime mieux vous voir comme ça !

J’avais pourtant les yeux dans le vague et la bouche entrouverte. Une expression stupide, c’est le mot. Ça n’a pas dû beaucoup s’arranger quand j’ai reconnu l’interruptrice.

La dame au Ricqlès !

« Vous avez meilleure mine !

– C’est grâce à vous. Merci pour les cinq francs !

– Bah bah bah, une bêtise que j’ai faite, oui ! Je parie que vous les avez bus !

– Oui, mais ça m’a permis de rencontrer quelqu’un qui a donné un nouveau tournant à ma vie. Comme vous, donc.

– Je peux m’asseoir ?

– Bien sûr. »

Désolé, c’est absurde, mais je me suis demandé si je n’avais pas affaire à une composition de qui vous savez. Et ça m’a définitivement convaincu que pas plus que les miens je ne pouvais laisser Jules plus longtemps sans nouvelles. Qu’est-ce que j’attendais pour le rappeler ?

« Pas longtemps, parce que je dois aller voir ma maman. »

Elle guettait ma réaction.

« Vous êtes bien galant, jeune homme. Quel âge vous me donnez ? Allons, soyez sincère.

– Soixante ? »

Elle rayonnait.

« Soixante-dix-neuf, oui oui. Quatre-vingts aux prunes !

– Heureusement que je suis assis. Et vous avez encore votre mère ?

– Elle est plus en forme que moi ! À part sa jambe, ça... Mais je suis là ! Vous savez, je l’ai emmenée voter. Les deux fois. Elle voulait pas entendre parler de procuration. Alors qu’on a voté pareil. »

Elle s’est penchée vers moi, et, malicieuse, plissant les yeux :

« Mitterrand. On est bien contentes que ce soit lui.

– Moi aussi. Quel âge elle a votre maman ?

– Cent-deux ans. Comme aurait dit grand-mère, elle nous enterrera tous ! Enfin, le prenez pas pour vous.

– Non, mais vous, vous allez prendre... tenez.

– Qu’est-ce que c’est ?

– Vos cinq francs.

– Mais voulez-vous me garder ça ! »

Elle s’est levée, moi aussi.

« S’il vous plaît. Je n’en ai plus besoin. »

Je lui ai fourré la pièce dans la poche.

« Votre maman peut être fière de vous. »

Je vous jure qu’on l’a dit exactement en même temps.

 

 

Jules m’a offert ma première expérience de répondeur téléphonique. Il avait enregistré un message d’accueil à la mesure de sa fantaisie, de son talent d’acteur et de son art de l’illusion, sans omettre bien sûr d’employer la formule « c’est magique ».

Après le bip, je me suis trouvé démuni. Comment commencer ? J’ai raccroché. Moi, le roi de l’improvisation. Bon, je rappellerais.

J’étais en pleine contradiction, partagé entre une allégresse toute neuve et une sourde angoisse, une belle confiance en moi et le sentiment de mon insuffisance et de ma fragilité. Je ne parvenais pas à prendre la moindre décision sans craindre une maladresse, un faux pas. Je m’en serais volontiers remis au hasard, qui venait de me causer une merveilleuse surprise, mais je craignais d’abuser. Je débordais d’envie de faire une bonne action, aucune ne se présentait. Allez, Norbert, creuse-toi la cervelle !

J’ai creusé, j’ai trouvé.

Une bonne action, pas exactement, mais un truc sympa.

J’avais le temps, je me suis installé dans un café pas cher où j’ai fini d’écrire mon chapitre. Puis j’ai changé de quartier, me rapprochant de mon objectif, et j’ai déjeuné au Polidor. J’y ai repéré des visages connus, mais on ne me remettait pas, ou c’était sans conséquence, rien d’embarrassant. Après le repas (bon rapport qualité-prix, moins cependant que dans mon souvenir), j’ai remonté la rue Monsieur-le-Prince, cap sur le Petit Suisse. Bravement, j’en ai poussé la porte. Le patron a froncé les sourcils en me voyant, sans hostilité, il cherchait juste à se rappeler, six ans après. Je lui ai demandé si Jérôme travaillait toujours chez lui, ça a fait tilt, Oui, toujours, mais il commence à seize heures, Je sais, je vérifiais seulement, je vais me balader dans le quartier en attendant, Dites-donc ça fait un bail, non ? Cinq ans, je dirais. J’ai rectifié, on a causé un instant puis je suis allé flâner au Luco comme prévu, ne me dites pas que ça ne se goupillait pas au poil, bon, je n’ai pas poussé la hardiesse jusqu’à pousser jusqu’au Malebranche, peut-être que je téléphonerais, histoire de prendre des nouvelles de Sophie, ça m’a donné une idée, je suis allé m’asseoir sur un banc, celui-là-même de ma première rencontre avec Jules, et j’ai commencé à rédiger mentalement une lettre à Carmen, aussi incroyable que cela puisse paraître je ne lui avais jamais écrit depuis notre séparation.

J’avais fui le conflit avec ma cousine et ses proches, m’inclinant devant leur désaveu, le plus douloureux étant bien sûr le sien. Bafoué, humilié, mortifié, j’avais décidé que je n’en avais rien à foutre de ce môme. S’ils ne voulaient pas que je sois son père, qu’ils lui en trouvent un, l’oncle était partant. Je ne me voyais pas l’élever de mon côté, eux du leur, le moins qu’on puisse lui souhaiter c’était un minimum de cohérence et de cohésion dans son environnement, en plus je vous signale que je n’avais que dix-sept ans à sa naissance, et aucune notion de psychologie, je ne dis pas ça pour me disculper, je reconnais avoir beaucoup pensé à ma pomme, mais si je ne me sentais pas capable de faire face ça ne risquait pas d’être bon pour le môme, à supposer que le talent me vienne avec la pratique (je craignais surtout les dégâts) ce n’était pas ça qui réglerait le différend avec le clan Bourzeix, bref, je me trouvais plutôt honnête de rester à distance. En même temps, j’essayais de me mettre à la place du gamin, il avait le droit de savoir, et j’avais conçu le plan suivant, moi tout seul, qui aurait pu me conseiller ? Je voulais que le jour de ses sept ans on me permette de le rencontrer, quoi qu’on lui ait raconté à mon sujet, quitte à lui apprendre mon existence si on la lui avait cachée, sans lui dire que j’étais son père, je voulais être invité à son anniversaire en qualité de membre de la famille pour qu’on fasse un tant soit peu connaissance. Après, on verrait.

Bon, j’avais ma bafouille en tête. Il ne me restait plus qu’à la recopier et à l’envoyer.

Je n’allais pas déchirer une page de mon cahier, ça n’aurait pas fait très sérieux. Mais, si le premier bureau de tabacs venu peut vous fournir un timbre et une enveloppe, allez vous procurer une simple feuille blanche ! J’ai voulu en piquer une dans la photocopieuse de la poste, le tiroir était verrouillé. Bon, j’ai fait les yeux doux à une employée, elle m’a dépanné, j’ai réquisitionné un coin de table, et à seize heures et des poussières je glissais ma lettre dans la boîte. Ce soulagement ! Mon sac à dos s’était presque transformé en cerf-volant.

Sur le chemin, j’ai offert mon ticket-restaurant à un clodo.

Le patron avait prévenu Jérôme de ma visite. Sans vouloir me vanter, il avait bien fait. Je ne sais comment l’excellent homme eût encaissé un choc frontal, à voir son émotion. Réciproque, d’ailleurs. Quand même, il m’a engueulé. Quoi ! près de deux mois pour me manifester ! En guise d’explication, je lui ai tendu une enveloppe. Qu’est-ce que c’est ? Ouvre. J’aurais pas pu te rembourser avant. J’ai mis un peu plus, à cause des intérêts. Écoute, il a dit, c’est super de t’être rappelé, mais considère cet argent comme le tien, cadeau de bienvenue, en échange de ta visite et de ton petit mot.

Je l’avais écrit sur une page de mon cahier celui-là, faire sérieux on s’en foutait.

« T’es sûr ?

– Sûr comme un ami sûr. Parle-moi de toi. »

Je lui ai résumé six ans de ma vie en dix minutes, puis il m’a donné les nouvelles, rien de palpitant, ce qui m’intéressait davantage c’était lui, alors, toujours garçon, à tous les sens du terme, au singulier et au pluriel, oui, fidèle à ses goûts, et satisfait de son sort, il adorait son métier, il n’en aurait changé pour rien au monde, il voyait des tas de gens, il en connaissait un bout sur la vie, il gagnait bien la sienne, il avait récupéré l’appartement de sa mère, il mettait de côté pour sa retraite, qu’il consacrerait à lire et à aller au cinéma, il m’a parlé de plein de bouquins et de films que je ne connaissais pas, je lui ai casé Cría cuervos, il en a dansé de bonheur, les larmes aux yeux, et m’a sorti le bouquin qu’il était en train de lire, Sol Invictus, tu connais pas Raymond Abellio ? Faut que tu lises ses mémoires. Tu sais que le vieux José Corti est en train d’écrire les siens, avec l’histoire de son fils et tout ? Tiens, j’ai lu ça aussi, je te le prête, c’est le Goncourt, Ah oui, j’en ai entendu parler, pédé, va, et je suis reparti avec Le Jardin d’acclimatation.

Il m’avait offert un café mais j’ai eu envie d’un demi alors rue Racine je suis entré dans un bistrot. Là, sur un vieux juke-box, passe un truc qui m’avait fait chialer autrefois, merde alors, Mon vieux. Et ça n’a pas loupé.

Vous voyez dans quel état j’étais pour prendre le 74. Marcher jusqu’à Châtelet m’avait certes redonné un semblant d’équilibre, mais j’avais la tête toute farcie encore de pensées désorganisées quand elles ne s’entendaient pas pour nuire à ma bonne humeur.

Il n’eût plus manqué que je trouve porte close à Clichy.

Par précaution, j’ai téléphoné. C’est la matouze qui a décroché. J’ai fait sur le mode laconique, elle était là ce soir ? Tant mieux. J’ai raccroché.

Comme on était vendredi, j’ai acheté une bouteille de porto. Du bon, faites-moi confiance. Le vendeur ne s’en est toujours pas remis. Moi, mon numéro m’a bien aidé à retrouver la pêche.

L’immeuble en face du nôtre lui damait bien le pion maintenant, tout neuf il paraissait, et plutôt chic, à part ça peu de changement dans la rue, sinon cet interphone en bas de chez nous, impossible de se pointer sans montrer patte blanche. J’ai donc sonné. Oui ? La voix de ma sœur ! J’ai juste dit : c’est Norbert.

Le hall avait été rénové, ça sentait la peinture, les boîtes aux lettres avaient l’air de coffres-forts, les Lanfredi étaient toujours là, ainsi que l’étrange créature du premier, mais aucun des autres noms ne me disait rien que le nôtre. Würtz était parti. Les deux appartements du quatrième étage, que j’avais toujours connus inoccupés, semblaient avoir trouvé preneurs.

La cage d’escalier était plongée dans le silence. Je montais les marches deux à deux, comme d’habitude, comme autrefois plutôt, Clichy finalement j’y avais passé moins de temps qu’en Espagne, arrivé devant la porte des Lanfredi j’ai entendu parler madame, elle si discrète, des gens dont on ne savait jamais s’ils étaient là ou non, leurs deux garçons devaient être grands maintenant, je me suis demandé ce qu’était devenue la sonnette visuelle de la vieille demoiselle Caulataille, un truc que j’aurais aimé récupérer, sur l’autre porte de notre palier j’ai lu le nom de Gromard, aucun rapport en effet avec Würtz, bon, rien à faire, j’étais arrivé.

Je levais la main pour sonner quand la porte s’est ouverte.

Annette. Derrière elle, la matouze. Dans l’autre ordre, moins bien.

L’instant d’après, confusion totale. Une mêlée. Debout. Mais façon culbuto.

Et puis, venant du salon rendu à lui-même, une voix connue, reconnue.

Aussi ancienne dans mon souvenir que celle de ma mère.

Quand même, je guettais le regard.

Le regard, c’est important.

 

 

Assez vite malgré tout j’ai eu droit à une belle remontrance. Vous qui aimez jouer – mais si vous tombez sur ces lignes par hasard, bienvenue ! –, dites-moi quel en a été le premier sujet. Bravo : c’est de ne m’être pas annoncé plus à l’avance. Du coup, on allait être obligés d’aller au restau. Et où ça ? Re-bravo : au couscous. Ça s’imposait, un vendredi. À six ans de distance, le patron nous a reconnus, ou il a très bien fait semblant. Il avait décoré la salle avec des drapeaux français et algériens en l’honneur de notre nouveau Président, et pour la même raison il nous a offert l’apéritif. On n’allait pas refuser. Pourtant à la maison le porto avait eu du succès, encore plus que ma blague, J’en prendrai pas, j’avais dit, pour moi ce sera un lait-fraise, la tête de ma Nanette, on avait bien rigolé, sauf mon père mais on lui avait expliqué. Non seulement ma sœur buvait du porto désormais, mais elle était devenue une belle femme d’un mètre cinquante. Surtout, on s’aimait comme avant.

Ç’a été un vrai dîner de fête. On en était au thé à la menthe, quand la porte s’est ouverte. C’était René. L’autre, le commissaire. Mes renseignements étaient donc exacts, il a fait. À côté de lui se tenait son double, deux fois plus petit, le sourire deux fois plus large.

Voilà comment je me suis réconcilié avec Jules Laforgue.

 

(À suivre.)

Accès direct aux épisodes :

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article