Le Sourire du Scribe, 19

Publié le par Louis Racine

Le Sourire du Scribe, 19

 

De fait, cette reconstitution n’avait pas été inutile. Nos efforts conjugués avaient permis un minutage précis des événements. Je glanai ainsi pas mal d’informations – certaines renforçant ma conviction que le meurtre avait été soigneusement préparé. Je les livre au lecteur dans l’état où elles me parvinrent ; j’ai seulement pris soin d’ordonner chronologiquement les faits.

À 20 h 50, les Dumuids, Georges et Blanche quittent la table du dîner. Dumuids se retire aussitôt dans son bureau, s’étant promis de finir son chapitre avant l’arrivée des Mouzon, annoncée pour 22 h. Son épouse et Georges s’asseyent au salon, bavardent un peu, et prennent chacun un livre. Estelle, après avoir aidé Blanche à débarrasser, est montée dans sa chambre. On entend bientôt les premières mesures d’un opéra, et le crépitement d’une machine à écrire. Dumuids aime travailler en musique. Blanche garnit le lave-vaisselle et commence à ranger la cuisine. À 21 h 05, coup de sonnette. C’est Dumuids qui demande du café. Presque chaque soir, Blanche est ainsi chargée de porter au maître de maison de quoi se tenir éveillé une partie de la nuit. À 21 h 10, nouveau coup de sonnette, comme si l’écrivain s’impatientait. Madame Dumuids confie alors à Georges qu’elle trouve son mari particulièrement despotique depuis quelque temps. Blanche sort de la cuisine, portant un plateau, et se dirige vers le bureau. Estelle redescend, et Georges à son tour gagne l’étage. C’est alors que je sonne une première fois à la porte. Deux minutes plus tard, madame Dumuids m’emmène au bourg. Nous rentrons un peu après la demie. À moins le quart, Estelle part à la recherche de Blanche. À moins dix, Georges et moi enfonçons la porte du bureau, tandis que Jacques et les Mouzon gravissent le perron.

Emploi du temps de Jacques : à 14 h, il part pour Clermont. Il se rend chez un ami, Christian Manoury, qui dirige une revue de poésie. Là, il retrouve d’autres membres du comité de rédaction. On passe l’après-midi à lire des textes, puis on dîne sommairement au Fast’Hoche, un fast-food rue Hoche. On se sépare à 20h40. Manoury fait alors remarquer à Jacques qu’un de ses pneus aurait besoin d’être regonflé. À 20 h 50, cinq ou six kilomètres avant Les Arsins, il doit s’arrêter : la roue est à plat. N’ayant pas réussi à la démonter, il frappe à la porte d’une ferme voisine, dont les habitants l’envoient promener en menaçant de lâcher les chiens (ils en témoignèrent plus tard, de fort mauvais gré). Par chance, les Mouzon surviennent.

Emploi du temps des Mouzon : à 14 h, ils quittent Strasbourg. Entre 19 h 30 et 20 h 15, ils dînent dans un routier à la sortie de Nanteuil (« Nous avons une vingtaine de témoins », répétait Claire après l’audition), puis font le plein d’essence et repartent. À 21 h 35, ils sortent de Clermont, où ils ont retiré de l’argent avec une carte bancaire – ils purent produire le ticket du distributeur, portant la date et l’heure du retrait. Daniel espère que Dumuids ne leur en voudra pas d’arriver plus tôt que prévu, et comprendra qu’avec la pluie ils aient écourté la halte à Nanteuil. À mi-parcours, ils aperçoivent la voiture de Jacques garée sur le bord de la route, et son propriétaire trempé gesticulant sur la chaussée. Daniel lui vient en aide.

 

(À suivre.)

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