Joue-moi encore, 7

Publié le par Louis Racine

Joue-moi encore, 7

 

Ce qu’il y avait aussi, c’est que je n’étais pas au mieux de mes capacités intellectuelles. Concevoir un plan m’a demandé des efforts inouïs, vu mes difficultés de concentration, et j’ai fini par m’en remettre à ma bonne étoile, dont on mesure ce que je lui devais déjà. Je me suis donc fait déposer par le taxi à l’entrée de la rue du lycée, du côté par où Géraldine était le plus susceptible de revenir, je ne savais pas où elle déjeunait mais je ne l’avais jamais vue se diriger vers le canal.

Le sapin parti, je n’avais plus aucun moyen de connaître l’heure, sinon celle de ma chute devant le commissariat. Interroger les passants supposait qu’ils ne fuient pas à mon approche. Avec ça j’avais faim. M’installer au bistrot d’en face ? Géraldine y était peut-être ! Mais je risquais d’y retrouver des élèves du bahut, voire des profs, ça ne m’excitait guère. Pas question non plus de rester debout à poireauter, je n’aurais pas tenu une minute avec cette jambe qui me faisait de nouveau très mal, au point que je me la serais volontiers arrachée.

Ma bonne étoile, donc. Je me suis mû vers le bistrot en question.

Là, pas de Géraldine, mais pas non plus d’importun. Les quelques élèves de Seconde qui mastiquaient et papotaient au fond de la salle n’ont pas fait attention à moi. Je me suis calé contre le comptoir dans un recoin d’où l’on embrassait tout le carrefour, j’ai commandé un croque-monsieur, moins coriace qu’un sandwich, un demi, qui passerait tout seul, allongé ma jambe problématique sur deux tabourets et observé les alentours.

C’est fou ce que quelques francs, la monnaie du taxi en l’occurrence, peuvent pour le moral d’un éclopé. Les larmes aux yeux, j’ai levé mon verre à la santé de Rémi, d’autant plus honteux de l’avoir mystifié. Je réparerais ça dès que possible, en présentant mon mensonge comme involontaire, une simple inadvertance, un effet de la fatigue.

C’est seulement quand j’ai été un peu retapé que j’ai compris ce qui coinçait. Géraldine n’était pas apparue, mais heureusement, car dans le cas contraire j’aurais été incapable de me manifester, sauf à la rigueur si elle était passée près de moi, ayant choisi le bon trottoir ; une chance sur six, façon roulette russe inversée. Quant à la héler à travers le carrefour, ce n’était pas mon genre. Il fallait que je m’extraie de là au plus vite. J’ai même renoncé à prendre un café, peut-être que j’aurais le temps d’en offrir un à ma copine, j’avais juste de quoi, j’ai payé, rassemblé mon maigre faisceau de faibles forces et rejoint la rue sur un pied, puisque c’est ce mode de locomotion qui s’était révélé le plus efficace. Et, après avoir atteint sans me faire écraser le trottoir d’en face, je me suis mis à le longer vers l’entrée du bahut, cherchant un endroit où me poster.

L’idéal eût été un banc. J’y eusse guetté Géraldine en tâchant de ne pas me faire repérer des fâcheux. Par exemple à travers une fenêtre discrètement découpée dans un journal oublié là. Ça faisait beaucoup de conditions, et je me suis pris à rêver que la puissance de l’imagination – ou du désir – puisse garnir le décor de ce dont on avait besoin, car de banc, point. Ce qui aurait été bien, aussi, et plus facile à réaliser, c’eût été que nous fussions équipés d’un genre de talkie-walkie nous permettant de nous contacter à tout moment et, pourquoi pas ? de nous localiser. Les espions avaient ce genre de choses, il eût suffi d’en étendre l’usage. En même temps, c’était la fin de la liberté individuelle, de l’intimité. Sans parler du danger qu’un tiers interceptât les communications voire s’y mêlât et prît le contrôle des esprits. Non, mieux valait oublier.

Faute de banc, je me suis assis sur le capot d’une bagnole garée le long du trottoir, assez basse sur roues, c’est ce qui a guidé mon choix, pile à ma hauteur l’ersatz de siège, pas très confortable mais ça irait, au moins j’ai pu garder ma jambe bien droite, car plier le genou pas question, j’avais hâte que Géraldine arrive, qu’on puisse se voir et se parler même brièvement, plus le temps passait plus je désirais en finir avec ce rendez-vous que je m’étais fixé tout seul, gagner l’hôpital le plus proche, Saint-Louis, où Douvenou avait été transporté quelques semaines plus tôt, au fait, Douvenou : lui aussi était susceptible de se pointer ; perspective moins charmante mais non dénuée d’attraits – ce type était une crème, désintéressé comme vous n’avez pas idée, influençable, certainement, enfin ça avait ses bons côtés.

Les élèves commençaient à arriver, seuls ou par petits groupes, ceux du café, quelques profs, deux filles d’une autre Terminale que je savais copines avec Géraldine, je n’ai pas osé les interroger, personne ne m’adressait le moindre regard, difficile pourtant voire impossible de ne pas me remarquer, les gens détournaient les yeux, ça se comprenait, dans cette idée de me poster près du lycée il y avait de la provocation, indiscutablement. Et j’avais des réponses toutes prêtes pour ceux qui seraient venus me chercher des poux. À commencer par le fait que je n’avais séché aucun cours depuis la rentrée. Là non plus, du reste, je ne séchais pas, j’étais mal en point. Je venais justement faire constater mon état, réclamer l’indulgence de mes profs et m’organiser avec mes copains pour récupérer les cours.

Ça tenait debout, non ? Mieux que moi en tout cas.

Le bahut a ouvert ses portes, gobé le paquet humain agglutiné devant. La population continuait d’affluer, mais toujours pas de Géraldine. J’avais trop mal maintenant pour attendre plus longtemps. Il était urgent de passer de l’aléatoire à l’effectif. Juste comme je me disais ça, un embryon de pensée a traversé un coin de mon paysage mental et a disparu avant que je songe à l’arrêter, j’en loupais des choses.

Je n’étais même pas sûr de pouvoir me redresser. Je me suis appuyé des deux paumes sur le capot, oh putain ! Ça se méritait. J’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois. Quand enfin j’ai été debout, prêt à attraper mon cartable et à me mettre en route, tant pis pour Géraldine, mieux valait ne pas m’effondrer devant elle en grimaçant, je me suis entendu apostropher de loin :

« Ne vous gênez pas ! »

J’aurais reconnu l’accent entre mille. Histoire de vérifier quand même j’ai jeté un œil à la plaque d’immatriculation. Ben tiens !

Le type approchait, courroucé, mais du genre qui se domine, ne serait-ce que pour impressionner davantage encore l’adversaire, un pauvre minable au demeurant, votre serviteur.

« Même si vous étiez en galante compagnie, et même si vous aviez les moyens de vous payer ma voiture, je ne vous laisserais pas la considérer comme un banc public. »

Beau mec, d’allure sportive, la trentaine, bien fringué, il s’était arrêté devant moi et me toisait de toute sa hauteur.

« Bah, j’ai dit, c’est juste un V6. Et puis le fait que vous maniiez le français à la perfection n’ôte rien à la vulgarité de vos propos. »

Vous auriez applaudi encore plus fort si vous m’aviez laissé le temps de préciser que j’avais sorti ça dans la langue de mon interlocuteur, donc celle de Goethe, qui je vous l’accorde ne s’y connaissait pas spécialement en bagnoles. J’avais bien dû commettre une ou deux erreurs de lexique ou de syntaxe, mais de ma prononciation j’étais sûr, j’avais pigé le truc, c’est ce qui plaisait tant à mes profs, en particulier celui de cette année-là, M. Klostermann, dont je vous ai déjà parlé – en revanche, c’est vrai, je suis resté plutôt avare de précisions concernant mes liens avec l’Allemagne, mais chaque chose en son temps, ou ?

« Vous ne faites pas honneur à la Souabe », j’ai ajouté, parce que j’avais identifié l’arrondissement indiqué sur la plaque. Un coup de bol.

Maître de lui ou pas, l’autre en est resté comme deux ronds de flan. Et qui s’est pointé juste à ce moment-là ?

Non, pas Géraldine, hélas ! Mais Douvenou. Il a garé son 104, mis l’antivol, ôté son casque et nous a rejoints, un sourire hésitant aux lèvres.

« Norbert ! Ça va ?

– Comme tu vois. Tu peux m’emmener à Saint-Louis ? Tu situes, je crois.

– Mon pauv’ vieux ! Qu’est-ce qui t’est arrivé ? »

Le tiers s’en est mêlé.

« Attendez ! Vous êtes lycéen, vous avez mieux à faire. Je vais le conduire. »

Et, pivotant vers moi :

« Vous aviez d’ailleurs choisi ma voiture, pas vrai ? »

La sonnerie du bahut a retenti. Douvenou m’a regardé, a regardé le type, sa guinde.

« Oui, j’ai dit, c’est le modèle V6 ; y en a que le choc pétrolier n’émeut guère. T’es pas jaloux ? »

L’autre m’a ouvert la portière, m’a aidé à m’installer, m’a filé mon cartable, tout ça sous les yeux de Douvenou planté là et des élèves qui se dépêchaient pour arriver avant la deuxième sonnerie. Je continuais à guetter Géraldine, sans plus y croire. La seule pensée qui me tenait encore, c’était que j’allais bientôt être soigné. Et que j’avais fait ce qu’il fallait pour ne pas m’en sortir si mal que ça.

Mon sauveur a démarré en trombe devant une autre voiture qui approchait. Douvenou a tout juste eu le temps de m’adresser un petit signe de la main. J’ai répondu d’un sourire, coincé que j’étais avec mon cartable sur les genoux, en réalisant trop tard que je n’avais même pas pensé à lui demander si Géraldine était en cours le matin.

Je me suis tourné vers mon chauffeur.

« Et vous, je me suis enquis, en français cette fois, vous n’avez pas mieux à faire que de jouer les taxis ?

– C’est moi qui décide de mon emploi du temps. »

Quand je vous le disais : maître de lui.

« Vos fautes d’allemand sont d’autant plus étonnantes, il a repris, que votre prononciation pourrait faire illusion. Vous avez vécu en Allemagne ?

– On ne vit pas en Allemagne. »

Je sais, j’abusais. Un jour quand même je vous dirai quelque chose.

« Très drôle », il a fait.

Apparemment il connaissait bien Paris, en tout cas le secteur, car cinq minutes plus tard au grand maximum on franchissait le portail de l’hôpital et on fonçait vers les urgences. On n’en savait pas beaucoup plus l’un sur l’autre, mais on s’en contenterait. J’ai eu un mal de chien à m’extirper du bolide, même avec l’aide d’Axel (tel était son prénom), qui m’a confié à un infirmier et m’a quitté en m’assurant qu’il prendrait de mes nouvelles. La douleur, le trajet, j’étais trop sonné pour émettre autre chose en retour qu’un borborygme de gratitude. Puis je me suis évanoui.

 

 

J’en aurai passé du temps à l’hosto cette année-là ! Bon, sur la qualité de la prise en charge, les soins, rien à dire. J’ai même eu affaire à des gens particulièrement agréables et compétents. Mais vous connaissez ma tendance à la claustrophobie, c’est le genre d’endroit où elle explose, heureusement il y a sur place de quoi me calmer. À l’aide de drogues dures, toutefois. Il faudrait que les médecins de ce pays finissent par reconnaître officiellement ou non les bienfaits du cannabis et filent un petit joint aux patients dans mon cas. Ça vaudrait mieux que leur chimie.

Je m’étais réveillé allongé sur un lit, avec la sensation – trompeuse – d’être attaché, ce qui m’avait rendu fou. Hop ! on m’avait fait une piqûre de Valium. Une fois en état de répondre aux questions, j’avais fourni tous les renseignements souhaités sur les circonstances de mes blessures, subi tous les examens, passé toutes les radios qu’on voulait, et le verdict était tombé.

« Vous avez eu beaucoup de chance. » Si je n’ai pas entendu ça vingt fois, je ne l’ai pas entendu une seule. J’ai même eu droit à la visite d’un professeur et de son petit troupeau d’internes devant lesquels il a fait tout un cinéma rien que pour dire qu’il n’avait jamais vu ça. Lui, un professeur. Je vous résume la chose, n’importe qui à ma place se serait pété le calcanéum. Moi, j’écopais seulement d’une fêlure superficielle. En revanche le genou avait bien morflé, une belle entorse, et avec ça je me payais une sciatique. Résultat des courses : trois semaines d’immobilisation totale de la jambe gauche.

Mais la visite du ponte, c’était le lendemain matin. Commençons par le premier jour et la nuit qui a suivi.

Après m’avoir gentiment trimbalé de service en service, on m’a ramené dans ma chambre, où entre-temps le lit voisin du mien avait été taxé par un gros porc alcoolique d’une cinquantaine de piges qui s’était brisé le coccyx dans une chute malencontreuse. Je n’étais pas vraiment ravi de l’aubaine, mais la perspective de ma libération prochaine m’a aidé à me faire une raison.

Quant à retrouver mes esprits, j’étais plutôt moins lucide qu’avant d’arriver à l’hosto, plus détendu certes (que pendant ma crise, surtout) mais pas plus capable de concentration. Les pensées me venaient puis repartaient, je n’arrivais à en suivre aucune, j’ai vite renoncé, me laissant distraire par leur ballet improvisé dont il me suffisait amplement de saisir le sens général, à savoir que j’étais sur la voie de la guérison. Mais l’angoisse ne demandait qu’à renaître, je ne pouvais lui échapper éternellement par la médication, il me fallait agir, et d’en être empêché me mettait à la torture.

Dès que mes radios ont été lues, j’ai demandé à téléphoner chez moi. Vous ne tenez pas particulièrement à entendre la réaction de ma mère, ça m’arrange. D’ailleurs c’est Annette qui a décroché. Je lui ai demandé de me passer la matouze, je lui ai juste dit « Je suis à l’hosto, mais c’est pas grave » et je l’ai entendue répercuter « Il est à l’hosto, mais c’est pas grave ». La suite, je vous la laisse imaginer.

Si j’avais respecté mes devoirs familiaux en commençant par ce coup de fil, il me paraissait bien plus urgent d’avertir la bande que je ne pourrais pas être aux 4S à l’heure convenue (vous n’avez quand même pas oublié ?), et j’ai été fort agacé d’apprendre que Félix venait d’appeler à Clichy. D’après Annette, que j’ai eue de nouveau après ma mère (je voulais lui exprimer toute ma confusion à l’idée de la soirée qu’elle allait passer par ma faute), il avait tenu des propos incohérents, incapable de préciser la raison de son appel, elle avait eu l’impression qu’il était bourré.

Ma montre étant devenue purement décorative (dans un certain style, bien sûr), j’ai demandé l’heure à ma sœur. Félix se manifestait un peu tôt par rapport à cette histoire de rendez-vous. J’en ai déduit qu’il avait eu vent de mes problèmes par Rémi, auquel cas il était tombé lui aussi dans le panneau. Consterné, j’ai réussi à prier calmement Annette, si on demandait après moi, de répondre que je n’étais pas en mesure, et ce pour un moment, d’honorer mes obligations mondaines. Qu’elle passe le message à la matouze, et ciao !

Il était convenu que je rentrerais le lendemain à Clichy, en ambulance, s’il vous plaît, accompagné d’un infirmier. L’ambulancier et lui m’aideraient à me hisser jusqu’au troisième sans ascenseur. Inutile que ma mère vienne me chercher à l’hosto, ça ne ferait que compliquer les choses.

Le plus dur avait été de forger un bobard crédible pour justifier mon hospitalisation. Je m’étais évidemment gardé de parler de ma première chute, dont les effets se verraient bien assez tôt. J’espérais les mettre au compte de la seconde. C’est sur celle-là que je m’étais focalisé, et voici le scénario que m’avait dicté mon imagination émoussée. À l’heure du déjeuner, j’étais allé manger mon sandwich près du canal ; le chapeau d’une vieille dame s’était envolé, pour aller le chercher j’avais sauté sur le quai en contrebas et m’étais mal reçu. Je n’avais d’abord rien senti, c’est en retournant au lycée que j’avais dû m’arrêter, et que j’avais été secouru par un automobiliste complaisant. Vu mon état, il avait jugé prudent de m’emmener à l’hôpital.

« Tu te rends compte, il est d’Augsbourg ! »

L’infirmière qui attendait la fin de la communication avait l’air sympa, aussi ai-je tenté ma chance pour un second coup de fil, elle m’a fait comprendre que j’occupais une ligne qui pouvait sauver des vies, « Juste deux morts, d’accord ? », j’ai fait, elle s’est marrée, j’ai appelé Félix.

Il ne répondait pas. Il devait déjà être en chemin. J’ai repensé à mon idée qu’on soit tous équipés d’un téléphone portatif, ce n’était pas si con, mais en attendant tout ce que je pouvais encore faire c’était essayer de joindre les 4S, sauf que je n’avais pas le numéro et que je n’ai pas osé demander à consulter l’annuaire ou les renseignements.

Soutenu par l’infirmière, car on ne m’avait pas encore trouvé de cannes, je suis retourné dans ma chambre, où le gros porc avait allumé la télé. Il était en train de dîner et avait mis le volume assez fort pour m’emmerder, assez bas pour ne pas couvrir le bruit de ses mastications. Mon plateau à moi m’attendait sur ma table roulante avec mes médicaments. Tiède et dégueulasse, la bouffe aurait suffi à me couper l’appétit. La soirée s’annonçait cosy.

La télé ! Incapable de m’intéresser à ce magma d’images et de sons, je m’en suis vite détourné. Mais je n’allais pas non plus gamberger pendant des heures sans autre fruit que de voir l’angoisse rappliquer en jubilant, je n’avais pas non plus envie de réclamer un coup de massue qu’on m’aurait peut-être refusé, parmi mes médicaments il y avait un sédatif, il finirait bien par agir, d’ici là je n’avais qu’à me distraire sainement, et j’ai ouvert ce fameux cartable que j’avais attrapé le matin par pur réflexe tel que je l’avais rapporté du bahut samedi, ça n’aurait vraiment pas été très pertinent d’aller en cours sans le quart de mes affaires, bon, je me suis plongé dans mon manuel d’histoire, une de mes matières préférées malgré la prof, et, rêvassant de plus en plus, lisant de moins en moins, j’ai doucement glissé dans le sommeil.

Je me suis réveillé en sursaut au milieu de la nuit. Quelqu’un se tenait au pied de mon lit. J’ai allumé. C’était Blanche Prével.

J’ai failli crier de surprise. Je me suis rappelé que le gros porc dormait à côté. Il poussait des grognements à fendre l’âme ; à un moment il s’est retourné, et dans le désordre des draps j’ai aperçu le bout d’un groin.

Blanche Prével me regardait d’un drôle d’air. Elle était nue, mais je ne pouvais détacher mes yeux des siens, dont l’éclat s’est mis à augmenter peu à peu jusqu’à devenir insoutenable ; toute la chambre baignait maintenant dans une clarté bleue aveuglante.

« Vous êtes venue me tuer », j’ai dit dans un souffle.

« Inutile, vous êtes déjà mort.

– Je ne vous crois pas. Je le saurais.

– Très bien, nous allons nous en assurer. »

Elle a soulevé un coin de mon linceul et découvert mon plâtre, d’où émergeaient mes doigts de pied. Elle s’est penchée vers mon gros orteil, autour duquel elle a arrondi ses lèvres, me déclenchant une érection de tous les diables. Puis elle m’a mordu.

 

(À suivre.)

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Épilogue

 

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