Tous les pigeons s’appellent Norbert, 24

Publié le par Louis Racine

Tous les pigeons s’appellent Norbert, 24

 

« Je suis drôle, moi ? »

La question avait jailli de mes lèvres sans que je puisse la retenir, au moment même où je comprenais mon erreur. Ils m’ont tous regardé, et Paméla a dit :

« Aussi, oui. »

Et ils ont éclaté de rire, juste comme Sadoul m’apportait mon café.

« Du sucre ? » il a fait.

Comme j’acquiesçais, il a en a posé quelques morceaux devant moi dans un petit ravier en disant :

« Et remuez bien, qu’il en reste pas au fond, c’est chiant pour celui qui fait la plonge. »

J’ai demandé combien je lui devais.

« Mais vous pensez qu’au fric ! (Aux autres :) Je parie qu’il laisse pas de soif. (En plantant ses yeux dans les miens, avec un air terrible :) Laissez-vous inviter. Normalement, c’est un franc vingt. Une misère pour du café Cona. »

Sur ce, il a tourné les talons, tandis qu’une formule revenait danser dans ma tête, « chez Sadoul, au café Cona » ; oui, quelqu’un de la bande d’H4 m’avait déjà parlé de ce troquet, de son vieil anar de patron, de sa clientèle composée notamment de normaliens et, ce que j’ai découvert ce soir-là, d’élèves de l’école de cinéma qui venait d’emménager juste à côté, et que l’on continuait d’appeler Vaugirard.

« Ici, il faut laisser du soif », a glosé Piveteau, qui a complété : « Donc, Paméla François, comme Truffaut » (il m’a fait un clin d’œil), avant de me présenter Philippe Makédonski, chef opérateur (le vieux), et un certain Éric machinchose, décorateur.

J’ai bien mélangé le sucre au café, que j’ai trouvé délicieux. Ça changeait de l’ordinaire, comme le parfum de Paméla, exceptionnel, à la fois très léger, plus que discret, presque imperceptible, et si puissant que vous en étiez imprégné à vie, enfin c’est ce que ça m’a fait à moi, mais il paraît que ces choses-là varient selon les gens. Le grave de l’histoire c’est que le contact de sa cuisse contre la mienne, bien léger pourtant lui aussi, avait commencé à me déclencher une érection de tous les diables ; et j’avais beau savoir que ça ne pouvait pas se lire sur ma figure et me tenir passablement plus serré que le loup de Tex Avery, je flippais sec. Le pire a été atteint quand Paméla, qui jusqu’alors n’avait pas dit grand-chose, a pris la parole pour me raconter un peu sa vie. La voix de cette fille ! Je vous jure, moi qui avais de si bonnes et nombreuses raisons de me tenir tranquille, je n’y suis parvenu, et encore, qu’en me concentrant sur des pensées et des images sinistres, par exemple le visage de ma prof d’histoire, une astuce qui fonctionnait assez bien quand je voulais retarder mes orgasmes, mais du coup je n’ai pas bien suivi les explications que l’on m’a données, surtout ma voisine. Si vous daignez vous en contenter pour l’instant, je dessinerai juste les grandes lignes de l’affaire.

Comme vous peut-être, j’avais entrevu l’éventualité que le film que l’on me proposait fût le même que celui de ma mère. La perspective de jouer dans Tous les pigeons s’appellent Norbert ne m’eût pas déplu, c’eût été farcesque à souhait et j’eusse appris plus vite l’origine de ce titre. Mais il s’agissait en réalité d’un court métrage, d’un film d’école, celui que Piveteau, élève de Vaugirard, devait réaliser pour son diplôme, sur un scénario qu’il avait imaginé l’année d’avant. Makédonski le conseillait. Il lui avait fait rencontrer Jules Laforgue, lequel tiendrait un des deux rôles principaux, celui d’un magicien de music-hall. L’acteur avait accepté de jouer gratuitement si on le laissait libre de choisir lui-même l’assistant du magicien. Le scénario, une histoire de disparition-enlèvement traitée sur le mode d’une fantaisie poético-politique (selon les termes de Piveteau lui-même), m’a paru sympa, du moins ce que j’en ai saisi. Les yeux de l’esprit rivés sur ceux de ma prof d’histoire, j’essayais en priorité de digérer les informations les plus érogènes, comme la nécessaire contiguïté de nos épidermes à Paméla et à moi dans certaines scènes – qui motivait en grande partie sa présence à ce rendez-vous.

Jules avait obtenu gain de cause, et s’était mis en chasse. C’était, de l’aveu de Makédonski, un comédien hors pair, un bosseur infatigable, hyperdoué mais aussi d’une rigueur inouïe. Sa petite taille et des ennuis de santé avaient freiné sa carrière, mais au fond il n’avait jamais couru après le succès, privilégiant le plaisir du travail bien fait. Avec seulement quelques bases en manipulation et une brève expérience du cirque, il avait, en à peine six mois – depuis sa rencontre avec Piveteau –, acquis à force d’entraînement la dextérité d’un prestidigitateur de profession. Or c’était capital pour le propos du film. Piveteau prétendait en effet utiliser cet autre art de l’illusion et du trucage qu’était le cinéma pour simplement capter l’illusion en train de se faire, tout en mettant en relation par les moyens propres du langage cinématographique, en l’occurrence le montage parallèle, illusion théâtrale et illusion politique (je ne pigeais pas forcément tout, mais ce que je percevais me suffisait, tant j’avais hâte que prenne fin mon supplice).

Un jour, Jules leur avait annoncé avoir trouvé le partenaire idéal : moi. Sauf que pour d’obscures raisons (Laforgue était resté très flou à ce sujet) ils devraient patienter avant notre première entrevue. Je n’ai pas précisé non plus.

Quant à Paméla, une copine de Piveteau, le magicien s’était réjoui qu’elle joue l’autre rôle principal. Elle suivait des cours de comédie dans une école très renommée de Paris. Ses brillantes études n’avaient pu la détourner de l’art dramatique, pour lequel elle avait montré dès l’enfance une forte attirance et de grandes dispositions. Fille d’un chercheur en mathématiques, elle avait appris le go toute petite et avait remporté quelques tournois. Le soir où Jules et elle avaient pensé me retrouver au Petit Suisse, elle lui avait servi de tutrice, avec le résultat que vous savez.

Tandis qu’elle me parlait, je nous imaginais batifolant dans la chambrette de repos dudit établissement, grâce à la bienveillante complicité de Jérôme. Ça ne devait pas me donner l’air très intelligent. J’ai même craint qu’elle ne se ravise et n’ait plus envie de m’avoir comme partenaire. « Vous reprenez quelque chose ? » a lancé Piveteau. « Je vous invite, bien sûr, soif compris ! »

Mais on en est restés là. On est convenus d’un nouveau rendez-vous, début janvier, dans les locaux de l’école, et on est sortis.

« Au fait, j’ai demandé, comment il s’appellera ce film ? »

Makédonski a grommelé une réponse que je n’ai pas entendue et que Piveteau a rejetée en ricanant. « Tu vas pas remettre ça », il a fait. Non, le titre n’était pas encore fixé.

J’ai tenté ma chance. Est-ce que quelqu’un avait entendu parler d’un long métrage qui allait se tourner bientôt et qui devait s’intituler Tous les pigeons s’appellent Norbert ?

« C’est marrant, a dit le décorateur, c’est une blague qui circule chez nous. Je crois que ça vient des gens du son. »

Ça ne disait rien aux autres. Ni la blague ni le film.

« On vous dépose quelque part ? » a proposé Piveteau. « On a trois places. Vous serez peut-être un peu serrés. »

Ça ne disait rien à personne. Makédonski avait un autre rendez-vous dans le quartier, Éric habitait à deux pas, et moi je comptais faire un saut aux 4S. Piveteau a donc juste ferré Paméla. Ils sont partis bras dessus bras dessous vers la place, après que, quand même, j’ai eu fait la bise à ma future partenaire, histoire de reprendre une dose de poison, « Maké » s’est éclipsé, je me suis retrouvé tout seul avec Éric, il a sorti ses clopes, des Week-end, dans un paquet-étui qui s’ouvrait comme un livre, il m’en a offert une, sympa, me l’a allumée, on s’est séparés, il a tourné dans la rue Rollin, moi dans la rue Thouin, vers la rue Descartes.

Mithridate ! je criais, marchant à grands pas.

Est-ce que les femmes sont magiques ?

J’ai arrêté un passant pour lui poser la question. Il s’est détourné comme si je m’étais brusquement couvert de boue. J’ai essayé avec une petite dame qui trottinait à ma rencontre. Elle a souri tristement. Pauvre garçon, elle a fait. Pitié, mépris, je n’ai pas su.

À travers la vitre des 4S j’ai reconnu la silhouette de Joseph. Tous les piquetons s’appellent Joseph, j’ai pensé. Au moins il était fidèle au poste. Il m’a vu entrer, il m’a fait la gueule une minute, rapport à ma brusquerie de l’autre fois, il picolait mais il n’oubliait pas. Il n’oubliait pas non plus de picoler, alors quand je lui ai proposé de lui payer un coup il est redevenu mon copain.

« T’es con, il a fait en s’essuyant les lèvres après sa première gorgée de rosé, tu gâches tes chances. »

De quoi parlait-il ?

« Elle est revenue la fille.

– Sophie ?

– Elle a pas dit son nom. Tu l’as loupée d’une demi-heure. De toute façon...

– Quoi ?

– Toi, les filles...

– N’importe quoi », j’ai fait.

Ce n’était pas la première fois qu’on me renvoyait de moi cette image, spécialement aux 4S. J’aurais été incapable de dire pourquoi. Je m’en foutais. Enfin pas vraiment. Ce qui me gênait, c’était qu’on me colle une étiquette. Ça me donnait envie de débarquer un jour avec une copine et de lui rouler une pelle devant tout le monde. Mais qui accepterait de se prêter au jeu ? Et pourquoi pas Placide ? Ça, ça aurait eu de la gueule. Mais il risquait de prendre la chose trop à cœur. Allez savoir s’il n’était pas à l’origine de cette rumeur me concernant ! Bref, j’étais paumé. Au point de demander à Joseph :

« Et toi, t’es de quel bord ? »

J’ai cru qu’il allait mourir de rire.

« T’es con ! il hoquetait, t’es con ! T’es vraiment le roi des cons. »

Une gorgée pour s’éclaircir la voix, et il repartait dans les suffocations. J’ai senti que, comme celle de la chauve-souris, cette histoire le hanterait un moment.

D’ailleurs, elle n’avait pas trouvé sa conclusion.

« Tu sais, petit, il m’a dit – sur le ton de la confidence, et avec un air tout à coup des plus graves –, j’ai rien contre les mecs, mais c’est justement ce qui nous manque : c’est ce que les femmes ont contre nous.

– Quoi ?

– Les roberts !

– Tous les nichons s’appellent roberts », j’ai fait. Il n’a pas relevé.

On a changé de sujet, bu un autre coup, mais il fallait que je garde de quoi rembourser Jérôme et téléphoner à Pigeon. Avant de quitter Joseph, je lui ai demandé s’il avait des nouvelles de Rémi ou des autres internes. Rentrés dans leurs familles, il m’a dit. T’aurais dû passer plus tôt. Merci, j’ai fait, j’y penserai la prochaine fois, et je me suis tiré.

Il n’était pas question que je chiale, je n’étais pas si seul, dans quelques semaines j’allais jouer une scène d’amour avec Paméla François, je n’arrivais pas à chasser cette idée, ou plutôt je n’essayais pas, d’ailleurs je me dirigeais tout droit vers le Petit Suisse et vers une occasion de publier ma bonne fortune.

Jérôme n’était pas là. J’avais oublié qu’en général le samedi il faisait le matin. Zut alors. En même temps ça me laissait un peu plus de ressources. J’irais au Malebranche, et c’est de là que j’appellerais Pigeon. Je me suis remis en route.

Je pensais à cette histoire de cartable et la duplicité du voisin m’est apparue dans toute sa splendeur. Romancier, lui ? Mauvais scénariste, en tout cas. Ou alors il m’avait vraiment pris pour un benêt. Je crois qu’il y a quelqu’un de malade chez vous. D’où il le savait ? Il avait dû tendre l’oreille au moment de la restitution. Ça, à la rigueur, je pouvais l’admettre : il se tenait prêt à proposer ses services. Ce qui passait plus difficilement, c’était ce truc qu’il avait dit lors de notre première conversation, on sait ce que c’est que la Terminale. Tu parles qu’il était curieux ! Un vrai fouineur. Sans le témoignage d’Annette, j’aurais pu croire que c’était lui qui avait fouillé mon cartable. Sans le mot de Pigeon, aussi. Où l’on aurait pu s’attendre à lire des vœux de bon rétablissement pour ma sœur, vu la courtoisie du personnage. Bizarre. Mais ça ce n’était rien à côté de son nom.

Arrivé au Malebranche, je tremblais d’excitation. J’ai tâché de me dominer, j’ai commandé mon demi du ton le plus détaché qui soit, et d’un air extrêmement indifférent et las je me suis enquis de la possibilité de téléphoner.

« Moi qui croyais que tu venais voir Sophie », a dit le patron.

Instinctivement, j’ai regardé autour de moi.

« Attends, je l’appelle. »

« Sophie ! » il a gueulé dans l’escalier. J’ai bu d’un coup la moitié de mon verre, pour me remettre de cette nouvelle méprise. Un bref dialogue avec l’étage au-dessus, une cavalcade, et une gamine d’environ quinze ans est apparue au bas des marches. Son père nous a présentés.

« Alors, c’est les vacances ? » j’ai fait.

Que d’esprit ! Il faut dire que je me retenais du pire. À la voir avec ses nattes blondes et ses yeux bleus, on aurait pu la prendre pour une écolière d’outre-Rhin. Je n’allais pas verser dans ce cliché, même en blaguant, du genre Vous êtes sûr qu’elle a besoin de cours d’allemand ? Mieux valait respecter la volonté du papa.

« Emmène Norbert là-haut, lui a enjoint icelui, et montre-lui tes derniers devoirs.

– Pfff ! » elle a râlé. « Tu me fais descendre pour me faire monter !

– Dis donc ! On parle pas comme ça à son père ! »

Bon, j’ai suivi Sophie dans l’escalier, fasciné par ses mollets moulés dans de hautes chaussettes et par le fin duvet qui ornait ses cuisses nues, ça m’a rappelé nos plaisanteries avec Géraldine, je me demandais quel effet m’auraient fait ses cuisses à elle avec ce genre de jupe de laine à carreaux tellement éloignée de son usage, je serais incapable de vous raconter la suite en détail, je sais que j’ai vu des copies, des cahiers, des livres, qu’il a été question de la langue de Goethe, bien pâteuse en cette circonstance, qu’on a pris rendez-vous pour un premier cours, que je ne pensais – péniblement – qu’à deux choses : finir ma bière et téléphoner à Pigeon, et que quand enfin j’ai pu redescendre je me suis interrogé sur la signification du regard appuyé du patron, entre suspicion menaçante et cruelle moquerie – mais n’étais-je pas tout simplement parano, comme aurait dit Rémi ? Heureusement il m’avait gardé mon verre, je l’ai remercié, Je te l’offre, il a fait, je l’ai re-remercié, Alors ? Qu’est-ce que t’en penses ? C’est pas brillant ? Bah, j’ai dit, faut juste qu’elle apprenne son vocabulaire avec les pluriels et puis les verbes irréguliers, je veux bien lui faire réciter, et aussi lui indiquer deux ou trois trucs, pour le vocabulaire le plus important c’est la conversation ou d’avoir un correspondant – Mais t’es débile ou quoi ? me tançais-je in petto, tu scies la branche, la mâle branche, fais durer, remplis-toi les poches en aimable compagnie – Honte ! criait ma conscience morale, Honte à toi, exploiteur lubrique ! J’ai reposé mon verre d’une main molle, Qu’est-ce qui t’arrive ? a fait le patron, ça a pas l’air d’aller. Je l’ai rassuré, on a parlé calendrier, tarif, je peux téléphoner maintenant ? J’ai dit, en regrettant le maintenant, tant pis, C’est pas en Allemagne ? il a blagué, le combiné m’a paru poisseux, je me suis isolé du vacarme ambiant avec la dextre, j’ai eu tout de suite le sieur Pigeon.

À peine j’ai eu dit qui j’étais, comme si j’avais actionné un mécanisme, il m’a débité son rapport.

« Voilà. Je fréquente régulièrement un café non loin de Montparnasse. Jeudi matin, j’arrive, je remarque un client pas banal. Il s’était assis au fond de la salle et il examinait en détail le contenu d’un cartable, en faisant bien attention de tout remettre en place comme c’était. Moi, je l’observais discrètement, il s’en rendait pas compte. Ça, je me suis dit, c’est pas un type honnête, ce serait même bien un voleur. Il en avait pas l’air pourtant, mais vous savez, hein ! Seulement je pouvais pas être sûr, imaginez que je me sois trompé ? Quand il a eu fini son manège, il a regardé autour de lui, je me suis douté qu’il avait l’intention de s’en aller sans le cartable. Et le voilà qui effectivement le laisse sur la banquette et se dirige vers la sortie. Alors moi je l’arrête : vous oubliez pas quelque chose ? je lui dis. Il me repousse violemment et il prend la tangente. Mais c’est pas fini. J’ai voulu lui courir après, et en sortant j’ai vu qu’il y avait quelqu’un d’autre qui l’attendait et qui s’était mis à lui filer le train. J’ai essayé de l’arrêter aussi, mais il était déjà loin. Je suis retourné dans le café. Avec le patron on a ouvert le cartable et on a vu votre adresse. Je m’en occupe, j’ai dit, c’est à peu près mon chemin. Je suis donc parti avec. Après, j’ai eu un empêchement, le temps aussi de trouver votre numéro de téléphone, bref, c’est seulement le lendemain, hier vendredi, que j’ai pu passer chez vous, comme la jeune personne a dû vous le raconter. Ce cartable, on vous l’avait volé, non ? Ou vous l’aviez perdu ? Il vous manquait rien, au fait ?

– On me l’avait volé, j’ai dit, et il ne me manquait rien, enfin, je crois. Mais cet autre poursuivant, à quoi il ressemblait ?

– Oh ! un tout petit bonhomme. C’est pour ça, j’ai pensé que ça ne pouvait pas être un policier. Un détective, peut-être ? Ou un autre voleur, un concurrent ? »

Il a rigolé en disant ce dernier mot. Il avait une voix chaleureuse. Il m’inspirait de la sympathie.

« Et où il est ce café ? Ça pourrait être un indice.

– Vous avez raison, j’aurais dû vous le préciser tout de suite. Je ne sais pas si vous connaissez l’association Valentin Haüy pour les aveugles, rue Duroc, c’est le café juste en face.

– Et vous vous appelez Norbert Pigeon ? »

Un peu interloqué par le coq-à-l’âne, il a paru hésiter un bref instant.

« Oui, Norbert, comme vous, et Pigeon, comme mon père, qui s’appelait Norbert lui aussi. C’est une tradition chez nous, le prénom se transmet de père en fils. »

J’ai senti une vague de chaleur m’inonder, tandis que quelque part au fond de ma poitrine puis dans tout mon corps une tension se relâchait. Et j’ai dit :

« Tous les Pigeon s’appellent Norbert. »

 

(À suivre.)

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